L'influence des caractéristiques du sommeil sur la résistance à la privation de sommeil des fonctions cognitives attentionnelles et exécutives

Abstract

Chez l'homme, les comportements d'éveil et de sommeil, ainsi que les capacités cognitives qui y sont associées, sont régulés par deux processus en interaction (Rogers, Dorrian, & Dinges, 2003). Le premier processus, le système circadien (C) est une horloge biologique interne favorisant, notamment, l'éveil le jour et le sommeil la nuit. Le second processus, l'homéostat (H) correspond au besoin de sommeil accumulé au cours de l'éveil et dissipé lors du sommeil. Les situations de manque de sommeil constituent des situations négatives dans lesquelles la pression de sommeil (H), anormalement élevée entraine une détérioration des performances cognitives. Cependant, certaines personnes sont plus résistantes au manque de sommeil que d'autres, leurs déficits cognitifs, en privation, sont moins marqués.Il est donc nécessaire de mieux cerner l'impact de la privation sur les fonctions cognitives, ainsi que les facteurs à l'origine des différences interindividuelles, en termes de résistance à la privation. Dans ce contexte, ce mémoire s'est intéressé à l'impact de la privation de sommeil sur l'attention soutenue et l'inhibition, ainsi qu'aux caractéristiques EEG du sommeil, comme un facteurs permettant de prédire la résistance à la privation de sommeil de ces deux fonctions. Pour ce faire, deux tâches ont été administrées, à intervalles réguliers, à 29 jeunes hommes dans le cadre d'une privation de sommeil de 40 heures. La première, la Psychomotor Vigilance Task, une tâche de temps de réaction simple, a permis d'évaluer l'attention soutenue. La seconde, la Sustained Attention to Response Task, une tâche de type go/no-go, a permis d'évaluer l'inhibition. La privation de sommeil a été précédée d'une nuit de base et suivie d'une nuit de récupération durant lesquelles deux caractéristiques EEG ont été enregistrées : la quantité d'ondes lentes en début de nuit et le déclin de cette quantité au cours de la nuit. Les résultats montrent que : 1) la privation de sommeil entraine une détérioration significative de l'attention soutenue et de l'inhibition, 2) la composante homéostatique et la composante circadienne permettent d'expliquer l'évolution de cette détérioration, 3) les deux caractéristiques EEG enregistrées lors de la nuit de base constituent un facteur éventuel, permettant d'expliquer la résistance de la capacité d'inhibition à la privation de sommeil