Conscience de la voix chez les enseignants

Abstract

Le taux d'absentéisme des enseignants en raison de troubles vocaux est élevé (Van Houtte, Claeys, Wuyts, & Van Lierde, 2011). La mise en place de programmes de prévention dans les écoles permettrait aux enseignants de mieux connaître leur voix, l'objectif étant de réduire ce taux d'absentéisme pour cause de dysphonie. Or, à l'heure actuelle, il n'y a pas nécessairement d'adéquation entre ce que pensent les enseignants de leur outil vocal et les programmes de prévention. Une des premières étapes consiste donc à recueillir des informations concernant les connaissances qu'ont les enseignants de leur voix. Dès lors, cette étude vise à déterminer ce qu’est la conscience vocale aux yeux des enseignants de maternelle, du primaire et du secondaire qui ne souffrent pas d’un trouble vocal. Nous étudierons quel est leur niveau de conscience vocale en les comparant au groupe contrôle qui ne considère pas sa voix comme un outil professionnel. Un questionnaire en ligne a été créé afin d’étudier la perception qu'ont les enseignants de leur voix et la manière dont ils l'utilisent. Nos participants ont entre 20 et 55 ans, ne fument pas, ne souffrent pas de trouble vocal avéré et ne sont ni comédiens ni chanteurs. Le groupe expérimental est composé de 95 enseignants (82 femmes et 13 hommes) tandis que le groupe contrôle est composé de 94 participants (56 femmes pour 38 hommes). Parmi ceux-ci, on retrouve différentes professions dont des couturières, des ouvriers, des traducteurs, des architectes,… Après avoir effectué une analyse factorielle par composantes principales, nous avons identifié quatre facteurs : le niveau de pression sonore, la liberté vocale, le débit de parole et la connaissance vocale. Il est apparu que les enseignants possèdent une meilleure liberté vocale que le groupe contrôle et qu’ils vivent davantage de situations dans lesquelles la connaissance vocale est requise. Cependant, nos deux groupes ne se différencient pas en ce qui concerne le niveau de pression sonore et le débit de parole. En effet, les deux groupes de notre échantillon semblent concevoir la conscience vocale de façon assez similaire. Cette observation pourrait signifier que les enseignants n’ont pas assez de conscience vocale lorsqu’ils ne souffrent pas d’un trouble vocal. D’autres études devront donc explorer les quatre facteurs de conscience vocale chez les enseignants afin de préciser nos résultats.