Le rat-taupe nu : un modèle non-conventionnel prometteur pour la recherche en gérontologie et sur la prévention des cancers

Abstract

Le rat-taupe nu (RTN) est un rongeur doté de caractéristiques exceptionnelles, son extrême longévité et sa remarquable résistance aux cancers étant d’un intérêt singulier pour la recherche humaine. Sa longévité s’explique par une sénescence négligeable: son risque de mortalité n’augmente pas malgré les années, son taux de reproduction est maintenu tout au long de sa vie et, surtout, il parvient à maintenir ses fonctions physiologiques. Ce maintien est assuré par de nombreux procédés de réponse et de résistance aux stress, d’une stabilité exacerbée de son protéome, d’un équilibre délicat de la sénescence cellulaire ainsi que des subtilités de son métabolisme. De plus, pour faire face à la principale pathologie liée au vieillissement, le cancer, le rat-taupe nu jouit aussi d’armes toutes particulières. Il possède la capacité de synthétiser de l’acide hyaluronique de très haut poids moléculaire. Cette molécule, ayant beau être présente de manière ubiquitaire chez les mammifères en tant que composant de la MEC, sa structure est unique. Cette structure lui permet d’activer et de réguler le mécanisme principal de défense anti-tumoral du rat-taupe nu: l’inhibition de contact précoce. Bien que celle-ci soit déjà efficace, elle possède plusieurs niveaux de sécurité pour pouvoir enrayer le développement de tumeurs si une étape venait à être défaillante. Ces mécanismes annexes sont centrés autour de p15 et pALT. Cependant, en cas de perte complète de l’inhibition de contact précoce, le RTN pourra compter sur la mise en place d’une inhibition de contact “standard” et d’une augmentation du taux d’apoptose spontanée afin de maintenir un taux cellulaire bas. De plus, le RTN possède d’autres mécanismes au niveau génétique pour assurer sa protection. C’est la particularité de ces mécanismes qui ont fait du RTN un sujet de recherches plus que fort intéressant.