Apprentissage perceptivo-moteur et généralisation chez des enfants dysphasiques

Abstract

Ullman et Pierpont (2005) suggèrent que la dysphasie résulte d'un déficit global de la mémoire procédurale. Ce système mnésique serait impliqué dans l'apprentissage du langage et de nouvelles habiletés motrices et cognitives. La mémoire procédurale peut être évaluée grâce à diverses épreuves. Dans leur méta-analyse, Lum et collègues (2014) montrent de faibles performances chez les enfants dysphasiques au niveau de l'apprentissage séquentiel, bien que ceux-ci soient capables d'initier un tel apprentissage sous certaines conditions. Par ailleurs, peu d'études se sont intéressées aux étapes menant à la consolidation et à la généralisation des apprentissages. Il serait intéressant d'étudier si les problèmes rencontrés sont essentiellement ciblés au niveau de la première phase de l'apprentissage procédural ou si elles s'étendent à l'ensemble des étapes. Ce mémoire visait donc à étendre l'hypothèse d'un déficit de l'apprentissage procédural chez les enfants dysphasiques, d'une part en étudiant les capacités d'apprentissage procédural au moyen d'une tâche qui ne requiert pas de traitement séquentiel (ici, tâche de dessin en miroir), d'autre part en évaluant les différentes étapes de l'apprentissage. Nous avons également porté notre attention sur les conditions d'apprentissage qui favorisent la rétention et la généralisation. Deux conditions d'entraînement ont été proposées : une présentation aléatoire de différents dessins et une présentation répétée du même modèle. La condition aléatoire conduirait à des performances plus faibles durant l'entraînement mais à de meilleures capacités de rétention (Merbah & Meulemans, 2011). Notre projet impliquait le testing d'enfants tout-venant et d'enfants dysphasiques, âgés entre 7 et 12 ans. Nous avons choisi d'évaluer les capacités d'apprentissage, de consolidation et de généralisation au moyen d'une tâche de dessin en miroir. Une séance de familiarisation et d'entraînement a été proposée, suivie d'une séance d'évaluation. Les résultats semblent montrer que, les enfants dysphasiques sont capables d'apprendre une nouvelle tâche motrice, et qu'ils peuvent également consolider leurs apprentissages, quel que soit le type d'entraînement. En outre, il semble que les enfants dysphasiques soient capables de généraliser leurs apprentissages et que ce soit l'entraînement variable qui leur est le plus profitable.