En situation de jeux, les enfants de maternelle reproduisent-ils les stéréotypes de genre? L'attitude des enseignants contribue-t-elle à renforcer ou à remettre en question ces stéréotypes ?

Abstract

Dès leur plus jeune âge, les garçons et les filles sont conditionnés à « l'hétéronormativité ». La règle veut qu'une fille soit naturellement douce, coquette, bavarde, qu'elle aime jouer à la poupée, faire de la pâtisserie, apprécie les activités de français….Un garçon doit être fort, courageux, sportif, aimer le bricolage, les voitures, les sensations fortes, s'intéresser aux mathématiques,….Ces conceptions ne sont pas naturelles et n'ont rien à voir avec le sexe, elles résultent de modèles de genre qui nous sont transmis par l'intermédiaire de stéréotypes, via les agents de socialisation, dont l'école fait partie. Notre travail porte un regard sur la reproduction des stéréotypes de genre par les enfants de troisième maternelle lors d'ateliers de jeux et sur les réactions des enseignants en termes de sollicitations, d'aide, de félicitations et de critiques lors de ces activités. Pour atteindre nos objectifs, nous avons effectué une analyse quantitative de données recueillies lors de séances d'observations. Nos résultats montrent que lors du choix de jeux, les élèves ont tendance à se conformer aux modèles genrés véhiculés par la société. Ce constat est plus marqué au niveau des jeux symboliques que des jeux pédagogiques. À propos des interactions maître-élèves dans la classe, nos résultats ne mettent pas en exergue d’importantes différences de traitement des filles et des garçons de la part de l’enseignant mais plutôt une variabilité en fonction des élèves. Lorsque nous envisageons globalement nos résultats, nous observons toutefois un déséquilibre au niveau de la discipline et des sollicitations : les garçons sont davantage sollicités et reçoivent plus de remarques sur leurs comportements. À propos de l’aide, les enfants des deux sexes jouissent de la même attention. Par contre, au niveau des félicitations, les filles en reçoivent un peu plus que les garçons. Ces résultats sont conformes à ce que la littérature de recherche a établi pour d’autres niveaux scolaires. Les recherches et les observations menées ont nourri notre réflexion et nous ont permis de prendre conscience de nos possibilités d’action.