Le rôle de la toxicomanie dans le paysage et dans la gestion de l'espace public : Le contexte de la mutation urbaine à Charleroi

Abstract

Les espaces publics de la ville sont un paysage dans lequel se croisent les différents usages des populations. Parmi ces usages, certains sont des phénomènes urbains qui sont la conséquence de conditions précaires de certains publics. Ces phénomènes peuvent être source de nuisances ou de honte, et c’est alors une problématique aux yeux de la ville. En Belgique, à Charleroi, la toxicomanie est visible dans l’espace public sous différentes formes. Depuis les interactions sociales avec des citoyens jusqu’aux traces matérielles de son existence, la toxicomanie se décline selon les lieux qu’elle occupe : mendicité, présence du deal, consommation, ... toutes ces pratiques ne se déroulent pas dans la même ‘ville’. Le public toxicomane est un acteur présent et visible dont les usages dérangent dans les plans d’une métamorphose organisée. Selon différentes philosophies et différentes gestions de cette ‘problématique’, des acteurs interviennent pour aider, cadrer ou ‘effacer’ les personnes jugées trop à la marge des espaces planifiés, aux usages normés, d’une ville ‘redynamisée’. À travers différentes stratégies, la gestion de la toxicomanie devient de manière consciente ou non, la gestion des espaces publics. Cette recherche tentera d’illustrer dans quelle mesure la toxicomanie est un enjeu pour le gestion de ces espaces et comment elle se manifeste dans le paysage. À l’aide de la méthode de l’entretien compréhensif, nous irons à la rencontre des acteurs de la gestion des espaces et de la toxicomanie qui témoigneront d’une certaine réalité de terrain. Nous tenterons alors de l’exposer à notre lecteur. Face à cet enjeu, les lieux de la ville ne sont pas tous traités de la même façon. Il existe des lieux qui importent beaucoup dans les programmes de rénovation et de revitalisation urbaine. D’autres lieux sont, pour l’instant (volontairement), oubliés et délaissés des autorités. Délaissé des autorités mais habités par la marge. Quel serait alors l’avenir que nous pouvons imaginer pour les personnes, les usages et les lieux marginaux dans une ville qui, comme tant d’autres, tend à l’homogénéisation de son imaginaire urbain... ?