Analyse des dynamiques d'urbanisation à Phnom Penh au Cambodge

Abstract

Le Cambodge, connu pour la diversité de ses paysages et la richesse de son patrimoine historico-culturel, apparaît aujourd’hui comme un territoire très fragmenté. L’économie khmère s’est forgée autour du secteur agricole et en dépend toujours à l’heure actuelle mais de bien moindre manière. Bien que l’agriculture reste la principale source de revenu pour une majorité de cambodgiens, celle-ci voit sa part dans l’économie chutée laissant place à l’émergence du secteur de l’industrie (Banque mondiale, 2019). Face à la croissance économique importante du pays, avec un produit intérieur brut s’élevant à 7% depuis 1993, d’autres secteurs se sont développés en lien avec le contexte de mondialisation qui joue un rôle prépondérant de nos jours (Sénat, 2007). S’ensuivent de cette croissance, de nombreuses inégalités socio-économiques entre la population rurale et urbaine. Le rapide développement des pôles urbains émergents a entraîné l’exode rural d’une population désireuse de meilleures conditions de vie et d’un accès aux opportunités génératrices de revenus. La croissance démographique des villes, et plus particulièrement dans la capitale de Phnom Penh, renforcée, plus tard, par l’afflux d’une population étrangère, a mis en lumière les faiblesses de résilience du pays. Suite à des périodes de conflits, le développement de la ville a été mis à mal, réduisant le capital humain et détériorant les infrastructures urbaines. La reconstruction de la ville et de sa vie urbaine s’est faite progressivement grâce à l’aide étrangère. Ces stratégies de développement se sont, elles, centrées sur des objectifs de croissance économique, soutenus par son intégration à des organisations régionales et mondiales. Ces évolutions ont permis une réduction importante du taux de pauvreté dans la ville. Seulement, la dépendance des institutions et les faiblesses concernant la planification du territoire et sa gouvernance ont eu des répercussions importantes sur son urbanisme, renforçant davantage les inégalités sur le territoire. L’influence des mécanismes urbanistiques occidentaux et le rôle des investisseurs étrangers, particulièrement chinois, ont également mené à une transformation de la réalité urbaine des Phnompenhois. Cette étude questionne, ainsi, sur les dynamiques émergentes d’urbanisation apparues sous la pression grandissante d’investissements privés et étrangers, laissant apparaître aujourd’hui des paysages urbains très contrastés.