Dans quelle mesure le devenir des paysages Post-industriels de Charleroi est-il influencé par le milieu associatif local ?

Abstract

Des groupes de citoyens organisés et attachés à un paysage peuvent-ils influencer son devenir ?

Ce travail s’interroge sur l’influence exercée par des mouvements associatifs sur le devenir des paysages post-industriels de Charleroi. Une enquête a été soumise à un panel d’associations menant des actions sur des friches industrielles de la région. Dix associations ont été sélectionnées selon leurs statuts légaux et leurs zones d’activités sur le territoire de Charleroi. Les objectifs étaient dans un premier temps de comprendre, ce qui caractérise ses associations, leurs motivations, leurs logiques d’actions et leur rapport au pouvoir public, et dans un second temps de caractériser les paysages qu’ils affectionnent et ce qu’ils entreprennent pour les défendre.

L’étude a permis de montrer qu’au niveau associatif certains groupes sont plutôt revendicateurs et utilisent de la sensibilisation et du lobbying pour arriver à leurs fins, alors que d’autres rendent un service à la population en communiquant leur point de vue et parfois se professionnalisent. Au niveau paysager, il a été montré que ces groupes sociaux oeuvrent au sein de quatre lieux post-industriels couvrant une superficie totale de 273 hectares: un ancien site minier; des vallées à la confluence de voies hydrauliques; des carrières de calcaire; et un terril au sein d’une zone densément bâtit.

Ces associations agissent selon quatre domaines d’actions au sein des paysages carolo: patrimonial (conservation et valorisation de 4 hectares de vestiges industrielles); écologique (gestion des biotopes s’étant développés naturellement sur 71 hectares de friches industrielles); culturel (promotion de l’art urbain et sensibilisation à l’héritage social de l’industrie); et touristique (fournir l’accessibilité aux paysages). Certaines associations ont acquis des statuts de protection sur une superficie totale de 77 hectares, une protection provisoire sur 4 hectares et protégé un chemin balisé de 20km de long.

Au regard, d’autres bassins industriels étrangers, la protection des paysages post-industriels dans le sud de la Belgique apparaît plus modeste et beaucoup moins conséquente. Cela s’explique notamment, au niveau régional, par un frein législatif concernant la classification des terrils et au niveau local, par la privatisation des sites industriels désaffectés et l’inertie des autorités publiques en matière de protection de ces paysages. Ce manque d’action est compensé par l’émergence d’un secteur associatif dynamique voulant répondre à un besoin de participation et plaçant les paysages post-industriels comme un enjeu dans la prise de conscience du cadre de vie d’une région.