Impacts sanitaires potentiels de l'exploitation des bas-fonds en agriculture urbaine dans la ville de Yaoundé : Cas d'Ezazou village

Abstract

Le présent travail de recherche, mené de Mai à Août 2020, avait pour objectif général d’évaluer l’impact sanitaire potentiel de la pratique du maraîchage urbain dans le bas-fond d’Ezazou village dans la ville de Yaoundé. La démarche méthodologique a consisté à l’dentification des sources de pollution de la zone d’étude, puis à la conduire d’une enquête auprès de 41 producteurs maraîchers du site et de 123 ménages du quartier Ezazou village, situé dans la zone urbaine de Yaoundé IV. Les eaux d’arrosage, de sol ont ensuite été collectées et analysées sur le plan physicochimique et microbiologique, il en est de même pour deux spécimens de cultures maraichères qui ont été récoltées et analysés dans le but de vérifier leur qualité sanitaire. Les impacts sanitaires potentiels liés aux pratiques et à la qualité sanitaire des récoltes ont enfin été déterminés grâce à la revue documentaire, notamment celle traitant des normes de qualité des produits agricole et des pratiques agricoles. Les sources potentielles de pollution recensées dans la zone d’Ezazou village sont nombreuses et sont constituées pour la plupart des activités anthropiques, industrielles et agricoles. L’activité de maraîchage est essentiellement pratiquée dans cette zone par les femmes, avec 51,2 % qui ont obtenu leurs parcelles par le biais d’une location, la superficie moyenne exploitée étant de 1685,85 m2 (soit 1,69 ha). La totalité des maraîchers pratique une polyculture organisée en billons, avec pour principales spéculations Amaranthus viridis (Amarante ou folon), Lactuca sativas (laitue) et la Solanum nigrum (Morelle Noire ou Zom). Ces exploitants utilisent tous les eaux usées issues de ce bas fond, cet aspect est d’ailleurs la raison principale de leur présence dans ce lieu. Ces eaux d’arrosage analysées sont acides (3,6 <pH< 4,72) ont une minéralisation moyenne (723 μS/Cm), sont riches en nitrates (77,4 mg/l), et en matières organiques DCO (208 mg/l). L’analyse microbiologique des différents points d’eau ont révélé des teneurs plus ou moins élevées en agents pathogènes (Klebsiella sp, Proteus sp, Salmonella typhi, Shigella sp, Vibrio cholerea, Vibrio parahemoliticus), avec des concentrations respectivement comprises entre 0 à 7400 ; 0 à 2000 et 20 à 2160 UFC/100 ml. Concernant les germes indicateurs de la pollution fécale (Streptocoques Fécaux, Coliformes Fécaux et Coliformes Totaux), les valeurs sont inférieures aux valeurs normes prescrites pour la réutilisation en agriculture (≤ 103 UFC/100 ml). La qualité Sanitaire des cultures analysées a révélé une présence importante de microorganismes pathogènes et des indicateurs de la pollution fécale sur les parties comestibles des cultures, avec des concentrations supérieures aux valeurs limites (≤ 103 UFC/Kg). Par exemple, la concentration en Proteus sp contenue dans l’amarante est très élevée (4250 x 103 UFC/Kg). En effet, l’influence du milieu dans lequel vivent quotidiennement ces agriculteurs et certains ménages pauvres, sur la prévalence de ces maladies ne saurait être ignorée. En l’état actuel, il est recommandé aux populations de bien laver les légumes à grande eau, plusieurs fois et d’y associer des traitements au vinaigre ou à l’eau de javel pour éliminer les germes avant consommation.