Lien entre le bien-être de l'éleveur et celui de son troupeau en élevage bovin laitier

Abstract

Le bien-être animal en élevage est aujourd’hui une réelle préoccupation, aussi bien dans la sphère scientifique que du côté des consommateurs. Afin d’améliorer les conditions de vie, de transport et de mise à mort des animaux de production, il faut déterminer des critères de bien être que les exploitations doivent respecter et sur base desquels elles sont évaluées. Plusieurs méthodes ont vu le jour et estiment, via des points d’observation, la qualité du logement, de la santé et de l’état émotionnel des animaux. Certains points s’attachent à envisager la relation entre l’éleveur et l’animal en tant que facteur de bien-être. La qualité de la relation est alors estimée par des mesures de comportements spécifiques comme des réactions d’aversion ou des distances de fuite. Cependant, la dualité qui existe entre l’éleveur et son troupeau n’est pas investiguée à travers ce critère alors qu’elle est la base même de l’activité d’élevage. Au-delà de ces mesures ponctuelles, il est nécessaire d’envisager l’impact du bien-être de l’éleveur sur celui de son troupeau et vice versa. Ce travail s’engage à évaluer cette dimension primordiale du bien-être animal au sein de l’élevage bovin laitier. Ce type de production s’est vu évoluer au fil du temps en termes de technologies, de structures et d’effectif afin de répondre à une demande toujours croissante. La législation en matière de bien-être a dû s’adapter à ces modifications pour assurer une qualité de vie suffisante aux animaux sans compromettre la rentabilité de l’exploitation. De la même façon, les éleveurs doivent sans cesse s’adapter pour garder leur place dans le marché. Cette pression s’ajoute aux difficultés quotidiennes des éleveurs dont font partie les horaires, la charge de travail, la dépendance aux conditions météorologiques et bien d’autres. Les répercussions sont évidentes sur la santé mentale et physique de la profession mais aussi sur la gestion du troupeau et son bien-être. Réciproquement, le bien-être des animaux a une influence non négligeable sur celui de l’éleveur. Travailler et passer du temps avec des animaux sains et sereins, se sentir impliqué dans la qualité de leurs conditions de vie constitue une source d’équilibre et de bien-être pour l’éleveur. En considérant la notion de bien-être comme partagée et réciproque entre l’éleveur et ses animaux, il est alors possible d’envisager des pistes quant à son amélioration. L’une d’elles repose sur le vétérinaire qui a un rôle essentiel dans cet échange en tant que garant du bien être animal mais aussi comme conseiller auprès de l’éleveur. Des systèmes d’alerte sur base de numéros verts existent pour signaler le mal-être d’un éleveur mais la situation est souvent déjà suffisamment critique pour être réellement rétablie. D’autre part, des organisations dédiées intégrant les différents acteurs de son entourage pourraient permettre à l’éleveur de bénéficier d’un soutien économique et psychologique de façon régulière et suivie.