L'influence des conditions de logement des vaches laitières sur la prévalence et la gravité des lésions de la maladie de Mortellaro - Etude transversale dans cinq fermes avec stabulations en logettes et cinq fermes avec étables en aire paillée

Abstract

La maladie de Mortellaro, également appelé « dermatite digitée » est une pathologie infectieuse, d'origine bactérienne, très contagieuse, affectant la peau de l'extrémité digitée des bovins. A l'origine de lésions inflammatoires et douloureuses, la dermatite digitée représente à elle seule 43,9 à 61,8 % des motifs de boiteries sur les bovins laitiers. Au sein d'une exploitation laitière, sa prévalence peut être comprise entre 15 et 46,7 %. Ces bovins boiteux verront alors leur production laitière chuter et pourront présenter des performances reproductrices limitées. A ceci, s’ajoutent les coûts liés au traitement de ces lésions. Finalement, la somme des pertes liées à un cas de dermatite digitée s'élève à 110 euros. La maladie de Mortellaro représente donc un élément majeur qui contribue aux difficultés financières désormais omniprésentes au sein des exploitations laitières. Les facteurs de risque associés à cette affection sont notamment l'achat régulier d'animaux issus d'autres exploitations ou encore de mauvaises conditions d'hygiène au niveau de l'hébergement des vaches. Instinctivement , en considérant que l'hygiène dans un bâtiment à logettes est plus facilement gérable que dans une aire paillée où les contaminations seraient davantage permises, nous serions alors tentés d'orienter un client, motivé par la construction d'un nouveau bâtiment pour vaches laitières, vers une étable à logettes. Cependant, ceci n'est pas confirmé par la littérature scientifique. En effet, il semblerait que la stabulation à logettes avec couloirs de circulation en béton rainuré constitue le principal facteur de risque lié au logement d'une prévalence élevée de dermatite digitée et que l'aire paillée, étant plus confortable réduirait l'impact des lésions de dermatite digitée sur la santé et la production des vaches laitières. Paradoxalement à ceci, une publication scientifique, d'un haut niveau de preuves, affirme que les facteurs environnementaux tels que le logement n'influenceraient pas la prévalence de la dermatite digitée. Suite à ces données contradictoires, nous avons décidé d'aller évaluer, en nous rendant dans diverses exploitations laitières à logettes et en aire paillée, la prévalence et la gravité des lésions de la maladie de Mortellaro. Les pieds postérieurs d'un total de 319 vaches laitières hébergées sur une aire paillée et réparties dans 5 exploitations, ont été examinés lors de la traite. 367 vaches vivant dans des stabulations à logettes et réparties dans 5 exploitations différentes, ont également subi ce même examen des pieds. Il en ressort que 44 bovins (13,8 %) issus d'exploitations en aire paillée présentaient des lésions de dermatite digitée contre 123 (33,5 %) parmi ceux évoluant dans des étables à logettes. Suite à l'application d'un test statistique de Chi-Carré à partir de ces résultats, il semblerait que la prévalence des vaches logées en logettes et présentant des lésions de dermatite digitée est très significativement plus élevée que celle des vaches atteintes de Mortellaro et vivant en aire paillée. Cependant, parmi les vaches atteintes de Mortellaro, la proportion de vaches avec des lésions graves (12 sur 44 en aire paillée et 39 sur 123 en logettes) n'est pas significativement plus élevée dans les fermes en logettes qu'en aire paillée. De nombreux biais à cette étude sont identifiés tels que la représentativité de l’échantillon de fermes, le management des exploitations parfois très différent et qui est susceptible d'interférer avec l'impact des conditions de logement sur la dermatite digitée. Les conditions de logement des vaches laitières semblent donc considérablement influencer les prévalences d'individus présentant des lésions de dermatite digitée. Cependant, les conditions de logements ne semblent pas interférer avec la gravité des lésions de dermatite digitée. Une étude de plus grande ampleur, incluant randomisation, un nombre plus important d'exploitations et d'individus par catégorie, une méthode permettant un diagnostic de certitude devrait être réalisée pour confirmer ou infirmer ces premières observations.