Étude du contrôle social à Liège au XVIIIe siècle : les séquestrations de l'Officialité

Abstract

Un époux alcoolique et violent, une sœur célibataire et pourtant mère de trois enfants, un cousin fou et incapable de gagner sa vie... Trois individus qui minent leurs proches, par le poids financier qu’ils font peser, par le scandale qu’ils engendrent, ou par le danger qu’ils représentent. Mais face à de tels fléaux domestiques, que peuvent les Liégeois du XVIIIe siècle ? Les importuns n’ont encore commis aucun crime et, de toute façon, la justice civile est chère et infamante ! En de telles situations, ils peuvent recourir aux séquestrations de l’Officialité de Liège. En effet, l’Officialité, plus haut tribunal ecclésiastique de la principauté de Liège peut autoriser ses justiciables, à faire enfermer un proche, quand bien même ce dernier serait innocent. Pour ce faire, les requérants doivent présenter un dossier, supplique et témoignages à l’appui, qui attestent de la déviance de l’accusé. Ce faisant, les séquestrations deviennent un instrument de contrôle social entre les mains des suppliants. Le présent mémoire tente, par l’étude des dossiers de séquestrations, de comprendre comment les Liégeois définissent et traitent la déviance, dans quel contexte social ou familial, et comment les séquestrations elles sont utilisées à cette fin.