La privation de travail pénitentiaire dans le contexte de crise sanitaire de la Covid-19 : le ressenti des détenus et des agents pénitentiaires de la prison d'Andenne

Abstract

La crise sanitaire liée à la « Covid-19 » monopolise l’attention des médias et du public depuis plus d’un an maintenant. Le monde carcéral a dû également faire face à l’urgence et aux nouveaux défis qui en ont découlé. La présente recherche, à caractère exploratoire, considère de plus près le travail pénitentiaire, à savoir celui qui est effectué en prison par les détenus qui le souhaitent. Plus précisément, elle a pour objectif d’étudier l’impact de la privation (dictée par les contraintes sanitaires) de différentes typologies de travail pénitentiaire sur le quotidien des détenus et du personnel de surveillance de la maison de peines d’Andenne, au sein de laquelle les données ont pu être collectées. Notre question a été dès lors la suivante : quel est le ressenti des détenus et des agents pénitentiaires de la prison d'Andenne par rapport à la privation du travail pénitentiaire due à la crise sanitaire ? Nous avons utilisé une méthodologie qualitative à l’aide d’entretiens semi-directifs, notre échantillon étant composé de douze hommes condamnés (travailleurs ou non) d'âge compris entre 23 et 60 ans, et de cinq agents pénitentiaires. Si une perception plutôt négative de la privation de travail est mise en évidence, les résultats sont plus nuancés au regard de certains participants. L’absence de travail semblerait avoir, entre autres choses, un impact sur la perception du temps carcéral, tandis que la concrétisation du principe de normalisation en matière de travail est mise à mal par certains facteurs ressortis en période de crise.