Le genre des espaces publics

Abstract

Le genre des espaces publics urbains est une interrogation de plus en plus courante. Depuis les années 1980-90 cette question devient progressivement légitime dans le monde académique. Elle va de pair avec les questions d’égalité entre les sexes, de harcèlement sexuel, d’insécurité au sein des villes, des masculinités modernes, du vivre ensemble, etc. Or cette problématique est peu abordée en architecture du paysage. Ainsi, nous nous posons la question suivante : Comment le genre des espaces publics est-il pris en compte dans le domaine de l’architecture du paysage ? Cette question alimente notre travail de recherche. En effet, le rôle des concepteur·rice·s est encore à déterminer. Le paysage soulève des enjeux sociaux, mais aussi environnementaux, économiques et politiques. Il est donc essentiel de s’interroger sur le sens et les valeurs des espaces publics urbains, ainsi que le rôle des architectes paysagistes. Il existe néanmoins des moyens d’action et/ou des instruments d’analyse qui permettent d’analyser les espaces publics au prisme du genre. Cependant, d’après un état de l’art, nous avons constaté (Burgess, 2008; Larsson, 2006; Louargant, 2017) que ces méthodes sont peu mises en oeuvre. Ainsi, nous pensons que les moyens d’action et les instruments d’analyse du genre des espaces publics n’influencent pas les projets de paysage. Afin de répondre à notre interrogation, nous avons réalisé des entretiens semi-directifs auprès des professionnel·le·s dont les pratiques sont du domaine de l’architecture du paysage. L’analyse des réponses est faite à partir d’une méthode d’analyse textuelle, qui se concentre sur le contenu des discours. Elle consiste à regrouper en catégories le contenu des discours. Les catégories permettent d’isoler les noyaux de sens qui composent un discours. L’étude révèle que les moyens d’action et les instruments d’analyse et de prise en compte du genre des espaces publics sont peu mobilisés par les professionnnel·le·s du domaine de l’architecture du paysage. De plus, l’étude montre que l’intégration de la question est de l’ordre de la posture, ou de l’attitude individuelle des concepteur·rice·s. Ce travail établit une série de pistes de réflexion pour l’intégration de la problématique dans le processus de conception paysagère.