Le microbiote intestinal, le lien invisible entre la nutrition et la fourbure chez le cheval ?

Abstract

La fourbure est une des pathologies les plus courantes dans l’espèce équine. Elle cause beaucoup de douleur et est très difficile à traiter car les mécanismes physio-pathologiques exacts restent encore peu clairs. De nombreux auteurs ont étudié le sujet et certains mécanismes sont désormais éclaircis. Il a été démontré qu’une ingestion excessive d’oligofructose par le biais d’un pâturage riche en fructanes est un des principaux déclencheurs de la fourbure chez les chevaux. L’excès d’oligofructose ainsi ingéré est partiellement non assimilé par l’intestin grêle des équidés ; il va donc atteindre le caecum et le colon intact pour servir de nutriment aux bactéries. Ces hydrates de carbones vont alors être fermentés par les bactéries gram +, qui vont se multiplier et produire de l’acide lactique, des amines ainsi que d’autres facteurs. L’acide lactique s’accumulant dans le gros intestin va faire chuter le pH, provoquant alors la lyse des bactéries incapables de survivre dans un milieu aussi acide et la lyse va libérer les endotoxines naturellement présentes dans les bactéries. Ces endotoxines, en raison de l’augmentation de la perméabilité de la muqueuse intestinale due à plusieurs facteurs concomitants tels que la diminution du pH ou les dommages de l’épithélium intestinal provoqué par les amines, vont rejoindre la circulation sanguine et provoquer des effets hémodynamiques. En effet, les endotoxines et les amines ont un fort pouvoir vasoconstricteur au niveau des extrémités digitées et vont dès lors provoquer une constriction des petits vaisseaux périphériques du pieds. Cela a comme conséquence la diminution de la taille des capillaires sanguins et de la qualité de la vascularisation des pieds. Des microthrombi vont plus facilement se former dans la circulation sanguine lamellaire des extrémités digitées, provoquant une ischémie et des dégâts cellulaires aux cellules endothéliales. Ces évènements vasculaires vont provoquer un décollement entre le derme et l’épiderme digital très douloureux pour l’équidé.