L'utilisation de céphalosporines de 3e génération en animaux de compagnie : quel impact sur la notion « One Health » ?

Abstract

L’antibiorésistance, processus qui permet aux bactéries de s’adapter à leur environnement, existe depuis la nuit des temps. C’est d’ailleurs ce qui leur a permis de survivre jusqu’aujourd’hui. La production de gènes dits de « résistance » permet à ces bactéries de se protéger contre leurs propres antibiotiques. Avec la découverte de la pénicilline par Fleming en 1928, le XXie siècle a vu apparaitre une myriade d’antibiotiques permettant à l’homme, mais également plus tard aux animaux, d’améliorer considérablement la vie du quotidien et ainsi d’augmenter l’espérance de vie humaine et animale. Malheureusement, aussitôt qu’un nouvel antibiotique était mis sur le marché, on découvrait déjà l’émergence de résistances. La famille des bêta-lactames, et plus particulièrement les dérivés de pénicillines et céphalosporines, sont des éléments importants dans les soins de santé prodigués par les vétérinaires. L’inhibition de la synthèse de la paroi cellulaire bactérienne est le mécanise principal utilisé par cette famille qui agit directement sur l’enzyme synthétisant le peptidoglycane (élément principal de la paroi). De par leur faible toxicité et leur large spectre d’activité, les céphalosporines, et plus précisément celles de 3e génération, sont de plus en plus utilisées, alors qu’elles sont censées être de dernier recours dans certaines situations où les résistances bactériennes sont déjà bien installées. Ces résistances peuvent s’exprimer de 2 manières différentes. Premièrement, par des mécanismes intrinsèques qui comprennent par exemple l’inactivation enzymatique médiée par la β-lactamase qui agit directement sur le noyau bêta-lactame des céphalosporines. Deuxièmement, par des mécanismes dits acquis où l’on trouve des mouvements de gènes résistants en intra ou intercellulaire. On peut dès lors rencontrer divers processus au sein de ces 2 types de mouvements bien spécifiques. Il y a d’une part des recombinaisons qui peuvent se faire via transposons et intégrons et d’autre part des acquisitions horizontales par transformation d’ADN nu, par transduction à l’aide de bactériophage ou bien par conjugaison d’un plasmide. Tous ces mécanismes montrent à quel point l’arsenal de résistance de la bactérie est grand et prouve la vitesse à laquelle une bactérie peut s’adapter. Cette dernière peut donc rapidement transmettre des gènes de résistance face à une situation de stress, parfois répétée (présence d’antibiotiques). En réaction, One Health « une seule santé » en français, résultat d’une collaboration internationale, a été créé au début des années 2000. Cette notion met en évidence l’importance des liens étroits que l’on retrouve entre l’environnement, l’animal et l’hôte. C’est en travaillant sur ces 3 points, grâce à des techniques diagnostiques rapides mais aussi grâce aux préventions en tout genre et à tous les niveaux de pouvoir (en passant par la responsabilisation du patient et la gestion des eaux usées), que l’on pourra espérer voir une amélioration dans les années à venir.