Lien entre la perception du paysage par les agriculteurs et leurs choix de pratiques agricoles dans le cadre de la transition agro-écologique

Abstract

Paysage de grandes plaines agricoles ou paysage vallonné et bocager… ces deux paysages représentent deux approches agricoles très distinctes. Les problématiques environnementales actuelles dont découle l’érosion de la biodiversité sont intimement liée au mauvais état sanitaire des paysages, homogénéisés par l’agriculture intensive. Cette crise remet les paysages agricoles au centre du débat, pointant du doigt les agriculteurs intensifs pour leurs mauvaises pratiques agricoles. L’objectif de ce travail est de creuser le lien entre les choix de pratiques agricoles et la perception paysagère des agriculteurs dans le cadre d’une transition vers des pratiques plus “agro-écologiques”.

La méthode abordée est une approche sociologique qualitative. 14 agriculteurs ont été interviewés chez eux. Ils ont été choisis, en partie, pour leur localisation géographique car cette étude s’est concentrée sur 2 ensembles paysagers contrastés, à savoir les Plateaux brabançons et hesbignons et le Condroz. Ils ont aussi été choisis pour leur modèle agricole, à savoir conventionnel, biologique et/ou de conservation des sols. Les mêmes questions ont été posées à chacun sur base d’un guide d’entretien. Celui-ci aborde 2 grands thèmes à savoir les choix de pratiques agricoles, leurs motivations à la mise en oeuvre de celles-ci, et une partie sur le paysage composé de photos, de grilles d’évaluation, de questions fermées et de questions de réflexion sur les enjeux paysagers liés à la rediversification.

Les résultats ont montrés, que ce soit dans une région ou dans l’autre, que la diversité des exploitations et des personnes rencontrées rend chaque approche agricole et paysagère unique. On peut néanmoins différencier 3 approches agricoles différentes qui influencent les potentielles perceptions paysagères. Il y a les agriculteurs qui restent sur le chemin tout tracé et sécuritaire du modèle conventionnel et ceux qui cherchent à en sortir, soit pour des raisons de compétitivité économique soit dans une recherche d’innovation, dans une démarche d’ouverture cherchant à se désolidariser des pratiques conventionnelles trop rigides. Les choix de pratiques et les perceptions sont très variables au sein-même de chaque modèle agricole et dépendent de l’esprit d’ouverture de la curiosité dont fait preuve chacun vis-à-vis des problématiques actuelles. Chaque agriculteur, quel que soit son orientation, est à la tête d’une entreprise agricole dont il doit assurer la rentabilité. Donc l’hypothèse du lien entre le choix des pratiques agricoles et la perception du paysage par les agricutleurs est à nuancer. L’approche paysagère chez les agriculteurs est secondaire dès lors qu’elle n’a pas une utilité directe au bon fonctionnement de leur exploitation. Elle est cependant renforcée dès lors que l’agriculteur fait preuve de considérations écologiques, qu’ils s’intéressent au fonctionnement naturel des agro-écosystèmes ou à la gestion des habitats naturels pour le gibier dans le cas des chasseurs.