Pathogenèse du vitiligo chez l'Homme : rôle des lymphocytes et intérêt des modèles animaux

Abstract

Le vitiligo est une maladie multifactorielle dont la pathogenese n’est pas complètement connue. Elle est caractérisée par la destruction des mélanocytes, responsables de la production de la mélanine se caractérisant cliniquement par des macules amélaniques tant chez l’Homme que chez les animaux. Ce processus complexe commence par une inflammation locale ainsi que des signaux cellulaires. La jonction dermo-épidermique constitue le siège principal de la maladie. La présence d’antigènes mélanocytaires dans cette zone et l’activation des lymphocytes T CD8 cytotoxiques spécifiques induisent via leurs cytokines l’apoptose des mélanocytes. Après avoir joué leur rôle, les lymphocytes T CD8 deviennent des lymphocytes T mémoires que l’on peut diviser en plusieurs sous-catégories. L’une d’entre elles, les lymphocytes T mémoires résidents, sont présents à la jonction dermo-épidermique et effectuent un rôle de sentinelle. Ils produisent des messagers cellulaires qui permettent de recruter les lymphocytes T CD8 mémoires effecteurs ou ceux à mémoire centrale. La taille des macules amélaniques est en corrélation avec l’augmentation du nombre de ces messagers et par conséquent l’augmentation du nombre des lymphocytes T CD8 effecteurs dans les zones cibles. Les lymphocytes T CD8 spécifiques ne sont pas les seules cellules impliquées dans la pathogenese du vitiligo. Les lymphocytes T CD4 seraient également importants mais leur rôle n’est pas complètement élucidé. Une catégorie de ces lymphocytes appelés les lymphocytes T régulateurs (Treg) sont retrouvés en nombre amoindri dans les zones amélaniques et pourraient être une des causes de la destruction des mélanocytes du soi. Ils ont un rôle de médiateurs et permettent de réguler les lymphocytes T CD8 auto-réactifs. S’ils ne sont plus présents, ou s’ils subissent un dysfonctionnement, les lymphocytes T CD8 peuvent alors se multiplier et réagir contre des cellules du soi de manière anarchique. Les lymphocytes T CD4 seraient indispensables pour initier la phase d’induction du vitiligo. Les cellules Natural killer (NK) par leur rôle d’orientation de la réponse immune adaptative, les cellules dendritiques par leur rôle de présentation d’antigènes mélanocytaires ou bien encore les lymphocytes B en produisant des anticorps anti-mélanocytaires seraient également des cellules impliquées dans le vitiligo. Cette maladie, principalement esthétique, peut impacter négativement la qualité de vie de l’Homme ce qui ne sera pas le cas chez les animaux domestiques. Plusieurs prédispositions raciales chez les chiens, les chats et chevaux existent. Les modèles animaux ont donc été plusieurs fois utilisés afin de mieux comprendre le mécanisme de la maladie chez l’Homme et de trouver d’éventuels traitements. Des modifications et des mutations ont cependant dû être réalisées chez eux afin d’avoir des similitudes proches de celles de l’Homme notamment dans la destruction de certains mélanocytes.