Perception et vécu d'une situation de crise inédite chez les policiers : Le Coronavirus

Abstract

La population des policiers est connue comme étant à risque de développer divers types de traumatismes, étant donné qu’elle est confrontée à des évènements stressants et traumatisants au cours de sa carrière professionnelle (Violanti et al., 2006). Cette nouvelle pandémie constitue une situation de crise inédite au cours de laquelle les policiers sont amenés à faire respecter les règles sanitaires en vigueur. Ils sont dès lors considérés comme intervenants de première ligne, à l’image de leur collègue du monde médical. Toutefois, peu d’études se sont intéressées à cette population qui, pourtant, était dans l’obligation de travailler alors que la majorité des citoyens se retrouvaient confinés à domicile au mois de mars 2020. Notre recherche avait donc pour objectif d’étudier la santé mentale des policiers et plus particulièrement le traumatisme secondaire dont ils pouvaient souffrir, ainsi que la résilience et la satisfaction professionnelle qu’ils présentaient lors du premier confinement lié à la COVID-19. L’intérêt était de démontrer la nécessité d’intervenir psychologiquement auprès de cette population lors de cette crise, afin de la préparer adéquatement à d’éventuelles épidémies futures. À l’aide d’un questionnaire en ligne, nous avons observé différents résultats en ce qui concerne ce contexte de crise sanitaire. Premièrement, la majorité des policiers de notre échantillon présentaient des risques plus ou moins sévères de développer un traumatisme secondaire, dont 26.74% étaient à risque sévère. Deuxièmement, la peur d’être contaminé par le virus et supporter difficilement les mesures sanitaires étaient associés à un plus grand risque de traumatisme secondaire. Troisièmement, les policières semblaient davantage se référer à la spiritualité comme ressource face à cette crise inédite par rapport aux policiers. Enfin, il semblait exister des corrélations significatives entre le traumatisme secondaire, la résilience et la satisfaction professionnelle. Une résilience faible était liée à plus de risque de développer un traumatisme secondaire et à une satisfaction professionnelle moindre, tandis qu’une satisfaction professionnelle moindre était liée à un haut risque de traumatisme secondaire. Ces trois variables pourraient donc être liées soit, directement, par une association de cause à effet, soit indirectement, par des facteurs communs les influençant mutuellement. Par conséquent, il sera important d’étudier plus précisément le sens et l’implication de ces corrélations lors de recherches futures.