L'exil, un art qui s'apprend. Postures d'étrangeté d'Emil Cioran et de Serge Moscovici
Pasteger, Adrien
Promotor(s) : Cormann, Grégory
Date of defense : 30-Aug-2021/3-Sep-2021 • Permalink : http://hdl.handle.net/2268.2/13276
Details
Title : | L'exil, un art qui s'apprend. Postures d'étrangeté d'Emil Cioran et de Serge Moscovici |
Translated title : | [en] Exile, an art to be learned. Postures of estrangement by Emil Cioran and Serge Moscovici |
Author : | Pasteger, Adrien |
Date of defense : | 30-Aug-2021/3-Sep-2021 |
Advisor(s) : | Cormann, Grégory |
Committee's member(s) : | Dubouclez, Olivier
Gavray, Marc-Antoine |
Language : | French |
Number of pages : | 184 |
Keywords : | [fr] Moscovici Serge [fr] Cioran Emil [fr] Exile [fr] Tragic [fr] Dialectic [fr] estrangement [fr] étrangeté [fr] tragique [fr] dialectique [fr] exil [fr] Simmel [fr] Insomnia [fr] insomnie [fr] ennui [fr] boredom |
Discipline(s) : | Arts & humanities > Philosophy & ethics |
Target public : | Researchers Student |
Institution(s) : | Université de Liège, Liège, Belgique |
Degree: | Master en philosophie, à finalité approfondie |
Faculty: | Master thesis of the Faculté de Philosophie et Lettres |
Abstract
[fr] Ce mémoire part d'une hypothèse: la trajectoire dʼexil, par la rupture radicale quʼelle impose aux ancrages culturels, idéologiques et expérientiels de lʼérudit dans sa vie quotidienne – ancrages qui sont les piliers fondateurs dʼun monde subjectif –, participe à façonner de véritables postures dʼétrangeté extrêmement fécondes pour la démarche intellectuelle elle-même. Ce travail de fin d'études a pour ambition d'élucider la posture d'étrangeté d'Emil Cioran au-delà des paradoxes et des fragments et ce qu'il donne à penser en tant que viatique pour les mal-situés. Pour ce faire, il met en dialogue deux auteurs, Emil Cioran et Serge Moscovici en tant que "doubles négatifs", Moscovici permettant de nous révéler Cioran. Une série d'enjeux de l'exil sont abordés. Tout d'abord, des enjeux éthiques et politiques. Nous étudions les écrits nationalistes de Cioran, les conditions d'émergence des pogroms dont fut victime Moscovici, l'adoption d'une autre langue dans l'exil. Mais aussi, le serment de ne jamais travailler de Cioran et le serment de devenir un "scholar" de Moscovici comme des manières de se donner une perspective en convoquant respectivement une figure du Raté et une figure du Paria. Nous envisageons également les racines biographiques de la question du sens commun qui a fait l'objet de recherches de Moscovici. Ensuite, nous tentons de dégager des enjeux épistémologiques de l'exil en tentant d'approcher les fondements de la vision du monde constructionniste de Moscovici. Nous nous intéressons au geste typique de la révolution keplérienne relevé par Moscovici: la retenue en tension dialectique des pôles opposés de la nature et de la culture en anthropologie ou du sens commun et des sciences en épistémologie dans une logique non pas du "tout ou rien" mais du "tout et quelque chose". Nous tentons de déterminer en quoi ce geste képlérien est fondateur d'une posture d'étrangeté subversive de l'intellectuel que Moscovici qualifie "d'enragé", toujours prompt à sortir du cadre assigné par les sciences et les paradigmes hérités. Forts de cet éclairage, nous envisageons enfin les enjeux métaphysiques de l'exil en retournant à Cioran. Nous tentons de dégager la grammaire de sa vision du monde tragique grâce aux travaux de Lucien Goldmann dans "Le Dieu caché", fondée elle aussi sur un rapport dialectique: vivre des principes absolus dans un monde immanent et actuel. Nous explorons la culture philosophique de Cioran, notamment bergsonienne, et tentons de comprendre son abandon de la philosophie suite à la lecture d'une critique du système métaphysique de Bergson par Georg Simmel dans "Zur Philosophie der Kunst". Celui-ci déclare que "Bergson nʼa pas vu le caractère tragique de la vie qui, pour se maintenir, doit se détruire". Nous tentons d'élucider cette formule et l'écho qu'elle a pu trouver chez le jeune Cioran en examinant l'ébauche de sa thèse de 1932 sur le thème de l'intuitionnisme contemporain ainsi que deux événements majeurs de sa vie, à savoir l'ennui et l'insomnie. Cette dernière est envisagée, en restant au plus près des témoignages et des écrits de Cioran comme un problème archétypal qui se pose au vitalisme.
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