La technique picturale de Léonard Defrance : analyse de quelques tableaux et comparaison des résultats avec son traité

Abstract

Loin de n’être qu’un révolutionnaire destructeur de cathédrale, rôle dans lequel il a longtemps été cantonné, Defrance est un artiste au parcours riche, ayant voyagé en Italie, en France et dans les Pays-Bas septentrionaux. Il côtoie certains des plus grands peintres de son époque. Dans son manuscrit, "Les broyeurs de couleurs, leur métier et leurs maladies", le Liégeois dévoile l’ampleur et la profondeur de ses connaissances concernant les matériaux de la peinture, notamment les pigments : listés et classés par couleur, des blancs aux noirs, en passant par les jaunes et ocre, rouges, bleus et verts, ils y sont accompagnés de leur procédé de fabrication, leur rendu, leur utilisation et leur résistance. Tandis que ces informations provenant du manuscrit de Defrance ont été confortées et complétées par d’autres issues d’ouvrages plus actuels, la comparaison avec les écrits de Jean Félix Watin et Antoine-Joseph Pernety, deux de ses contemporains, a permis d’établir que les pigments cités par Defrance sont courants à son époque et que, bien que son manuscrit ne soit pas le plus exhaustif quant aux questions de provenance et d’utilisation, c’est le seul qui s’intéresse à la dangerosité et aux façons de se prémunir des maladies entraînées par leur fabrication et leur emploi. Enfin, nous avons observé de plus près quelques tableaux de la main de l’auteur. Quatre ont été sélectionnés à cette fin : le "Portrait du peintre jeune", le "Portrait du peintre vieilli", le "Portrait du peintre âge mûr" et le "Portrait d’un abbé", réalisés à des époques variées et dans des lieux divers. Des analyses archéométriques sur ces tableaux nous ont permi de faire un bilan sur le travail de Defrance, sa palette, ou tout du moins en partie, et sa technique picturale.