Identification et pré-étude de faisabilité du projet CEBAT (Corridor Ecologique du plateau Batéké) en République Démocratique du Congo

Abstract

Le plateau des Batékés est une vaste aire de 350km sur 100km située en périphérie de Kinshasa avec en son centre l’aire protégée qu’est le domaine de chasse et réserve naturelle de Bombo Lumene (DCRNBL). Les habitants pratiquent l’agriculture sur abattis-brûlis et produisent principalement du manioc et du charbon de bois à destination de Kinshasa. Ces activités, intensifiées en raison de la croissance démographique de la capitale à une centaine de kilomètres du plateau, conduisent à la disparition des massifs forestiers. Fort de l’expérience de nombreux projets d’agroforesterie réalisés sur la zone depuis les années 80’, un nouveau projet est proposé dont les objectifs sont de protéger et régénérer les massifs forestiers dans la périphérie de Kinshasa d’une part et développer économiquement la zone tout en fournissant la capitale en vivres et bois énergie d’autre part. Les moyens mobilisés dans ce but sont le reboisement, la sensibilisation des différents acteurs locaux, la formation et l’accompagnement des populations pour la pratique de l’agroforesterie, l’appui à la constitution d’associations villageoises, l’appui à la diversification, le renforcement de capacité du DCNRBL, etc. La faisabilité technique du projet pose peu question bien que des alternatives méritent d’être développées parallèlement pour que le modèle proposé puisse évoluer avec le contexte du plateau. La faisabilité institutionnelle est plus délicate, les institutions congolaises capables de gérer le projet avec bonne gouvernance et sur la durée sont rares. La faisabilité sociale est quant à elle peu certaine. La population est désireuse que des investissements leurs parviennent cependant la plupart des projets réalisés ne survivent pas au-delà de la phase d’investissements. Il est fortement recommandé que des discussions plus approfondies soient menées sur le terrain par des spécialistes des sciences sociales afin d’identifier avec les populations locales un projet qui leur conviendrait tout en remplissant les objectifs de la communauté internationale. Si le projet se concrétise, la communication entre ses gestionnaires et ses bénéficiaires sera un enjeu primordial pour la réussite de celui-ci. L’analyse économique et financière du projet n’a pas été réalisée avec précision lors de ce travail dès lors que le projet CEBAT n’était pas suffisamment défini à ce stade. Outre la viabilité du projet, sa pertinence est aussi remise en question notamment par les flux de migrations et la vitesse de métamorphose du plateau ces dernières années. Le risque existe que malgré un éventuel succès du projet, son impact soit anéanti par l’expansion de la capitale, sa demande en terres arables, l’accaparement des terres par la classe émergente et les mouvements de populations de et vers la capitale et des provinces voisines. La priorité de l’aide au développement réside peut-être ailleurs en RDC, dans les provinces plus reculées.