Complications et pronostics associés à la gestion chirurgicale d'uropéritoine chez le poulain

Abstract

OBJECTIF DU TRAVAIL :

L’objectif de cette synthèse narrative est de permettre au clinicien de répondre aux interrogations des propriétaires concernant les complications et le pronostic des poulains opérés d’uropéritoine.

RÉSUMÉ : Introduction : L’uropéritoine chez le poulain nécessite le plus souvent une gestion chirurgicale après stabilisation du patient. Cette prise en charge nécessite un investissement financier conséquent du propriétaire et la mobilisation de l’ensemble des acteurs de la clinique. Matériel et méthode : Une recherche dans la littérature anglophone et francophone a été effectuée sur les différentes plateformes disponibles. La qualité des études est évaluée à partir de critères fixés afin de hiérarchiser leur pertinence. Aucun article n’a été exclu en raison du sexe, de la race ou de la localisation de la brèche du tractus urinaire, l’unique facteur d’exclusion étant la gestion médicale de l’uropéritoine. Résultats : 6 cohortes rétrospectives et 6 études de cas ont répondu aux critères de sélection des articles. Sur un total de 145 poulains opérés, 116 ont survécu jusqu’à la sortie de l’hospitalisation, soit 80% des individus. Les complications les plus souvent rapportés sont la récidive de l’uropéritoine dans 17% des cas ainsi que les complications anesthésiques. Des cas sporadiques d’arthrite septique, de péritonite, de déhiscence de plaie, de calculs urinaires, d’éventrations, d’azotémies persistantes et de défaillances multi-organiques sont mentionnés. Discussion : Les poulains peuvent présenter des blocs atrio-ventriculaires du 3ème degré ainsi que des asystolies ventriculaires en raison des désordres électrolytiques. Le drainage lent de l’abdomen ainsi que la correction de ces désordres avant la chirurgie réduisent ces risques anesthésiques. Les récidives, très fréquentes, apparaissent le plus souvent dans les 10 jours suivant la chirurgie même si un cas est rapporté chez l’adulte suite à une chirurgie de convenance. Corrigées par laparotomie, elles bénéficient d’un bon pronostic. Il n’en est pas de même pour les autres complications moins fréquentes : celles-ci sont souvent fatales pour le poulain. Il est difficile de s’appuyer sur les résultats dans la littérature de cette laparotomie pour donner un pronostic de survie au propriétaire. Même s’il n’est pas spécifique à l’uropéritoine, le calcul d’un score de probabilité de survie permettrait de répondre à la question de manière précoce et pertinente. Finalement, les pur-sang opérés d’uropéritoine n’ayant pas présenté un nombre de départ de course ni de gains significativement inférieurs à leurs frères et sœurs, ne semble pas avoir un pronostic sportif compromis. Conclusion : Bien que les complications anesthésiques n’aient pas pu être dénombrées, le vétérinaire doit informer le propriétaire de leur existence en raison de leur sévérité. Concernant la récurrence de l’uropéritoine, celle-ci a une fréquence plus élevée mais bénéficie dans la majorité des cas d’un bon pronostic chez les poulains une fois corrigée par laparotomie. Les autres complications, moins fréquentes, sont celles qu’on peut retrouver dans toute laparotomie chez le poulain et peuvent être liées au caractère septicémique du poulain. La littérature disponible ne permet pas de se prononcer catégoriquement en termes de pronostic de survie, mais l’établissement d’un score de survie permet de donner une réponse partielle. Cependant, une fois sortie d’hospitalisation, les résultats des poulains sont encourageants. D’autres études seront nécessaires pour affiner le pronostic.