Validation d'une batterie d'évaluation permettant le dépistage précoce des risques de développer des troubles de l'apprentissage du langage écrit chez des enfants de 1ère année primaire

Abstract

Le diagnostic de la dyslexie se fait de manière tardive. En effet, ce dernier est généralement posé à la fin de la deuxième primaire. Pourtant, les enfants peuvent déjà rencontrer des difficultés bien avant cela, c’est-à-dire au début de l’apprentissage explicite de la lecture en première primaire. Des études démontrent également que les facteurs sous-tendant l’acquisition de la lecture (conscience phonologique, connaissance du nom des lettres, mémoire à court terme verbale et dénomination rapide automatisée) peuvent être déficitaires dans une population d’enfants en 3ème maternelle. Dès lors, il serait judicieux de pouvoir proposer un dépistage précoce afin de permettre aux enfants à risque de développer des troubles du langage écrit une aide adaptée à leurs besoins. De plus, un outil collectif serait mieux adapté, étant donné qu’un dépistage individuel serait difficilement réalisable. À ces fins, les membres de l’unité de Neuropsychologie du Langage et des Apprentissages de l’ULiège ont créé la batterie d’évaluation collective des prérequis spécifiques à l’apprentissage du langage écrit en 3ème maternelle, appelée également BPLE. En 2013, une première étude avait tenté de valider cet outil dans une population de 3ème maternelle. Dans la continuité de cette dernière, notre étude avait pour objectif de valider la batterie précoce dans une population d’enfants de première primaire. Pour ce faire, notre hypothèse de recherche était que les différentes épreuves de la BPLE permettaient de prédire les capacités en langage écrit des enfants en fin de première année primaire. Pour tester notre hypothèse, notre équipe a administré la BPLE à 174 enfants durant les mois de décembre 2021 et janvier 2022. Par la suite, 164 de ces enfants ont été revus durant le mois de mai 2022 pour évaluer leur niveau de langage écrit par une épreuve de lecture de non-mots et une de dictée de non-mots. Les résultats de notre étude montrent que, de manière générale, les épreuves de la BPLE, administrées vers la moitié de la première primaire, sont corrélées avec les niveaux ultérieurs en lecture et en orthographe en fin d’année. Seule la mémoire à court terme verbale tend à montrer un lien moins significatif. Les épreuves de la batterie contribuent aux variances des performances en langage écrit, à l’exception encore une fois des épreuves de mémoire à court terme verbale pour le niveau de lecture. La connaissance des lettres, la dénomination rapide et la conscience phonologique se sont révélées être des prédicteurs indépendants du niveau ultérieur en langage écrit, à l’exception de la conscience phonologique pour le temps de lecture. Enfin, la mémoire à court terme verbale ne semble pas être un prédicteur indépendant.