Parcours post-migratoire : asile, traumatisme et résilience, différentes trajectoires. Comparaison de la santé mentale et des difficultés post-migratoires des migrants réguliers et des migrants irréguliers en Belgique.

Abstract

Ce mémoire avait pour objectif d’évaluer les différences en termes de santé mentale entre les migrants réguliers et les migrants irréguliers en Belgique. Nous souhaitions également identifier les difficultés post-migratoires rencontrées par ces deux groupes sur le territoire belge, et mesurer leur impact sur leurs niveaux de traumatisme, de résilience, d’anxiété, de dépression, et sur leur vision du monde. Cette étude a été réalisée auprès de 70 participants, âgés de 18 à 68 ans, étant soit en situation régulière, soit en situation irrégulière sur le territoire belge. Notre récolte de données incluait la passation d’un questionnaire sociodémographique, du Post-Migration Living Difficulties Checklist (PMLD) pour la mesure des difficultés post-migratoires, du Posttraumatic Stress Disorder Checklist – DSM-V version (PCL-5) pour la mesure du trouble de stress post-traumatique, du World Assumptions Questionnaire (WAQ) pour la mesure de la vision du monde, du Hopkins Symptom Checklist-25 (HSCL-25) pour la mesure de troubles dépressifs et anxieux, et du Adult Resilience Measure - Revised (ARM-R) pour la mesure de la résilience. Il ressort de nos analyses que la santé mentale des migrants irréguliers est moins bonne que celle des migrants réguliers, avec des niveaux plus élevés de traumatisme, d’anxiété et de dépression, une vision du monde plus négative, un sentiment de contrôle moindre, et une résilience totale et personnelle plus faibles. Nos résultats ont également pu mettre en évidence que les difficultés post-migratoires étaient plus graves et plus nombreuses pour les migrants irréguliers que pour les migrants réguliers, et qu’elles portaient sur des thématiques différentes entre les deux groupes. Enfin, nos analyses indiquent que les difficultés post-migratoires influenceraient différentiellement la santé mentale des migrants réguliers et irréguliers. Le fait que le vécu post-migratoire occupe une si grande place dans la santé mentale des populations migrantes soulève des considérations cliniques, politiques et sociétales importantes. Par ailleurs, il semblerait que les migrants irréguliers représentent un groupe migratoire distinct, avec ses propres spécificités en termes de parcours migratoire et de santé mentale. Par conséquent, l’apport de futures recherches sur ces domaines peu étudiés du parcours post-migratoire et de la migration irrégulière révèle un intérêt certain pour ce champ d’étude.