Étude des liens entre fonctionnement sexuel, anxiété sexuelle et cognitions

Abstract

La dysfonction sexuelle est un trouble complexe et souvent multifactoriel. Notre travail s’intéresse aux causes psychologiques, et plus particulièrement à l’anxiété sexuelle, aux croyances dysfonctionnelles et aux ruminations. La littérature mettant en lien cette dernière variable avec le fonctionnement sexuel est cependant très maigre et incomplète. L’intérêt de ce mémoire était de tester si les ruminations sexuelles pouvaient être considérées comme une variable supplémentaire à prendre en compte dans la compréhension du dysfonctionnement sexuel. Il s’articulait autour de trois hypothèses : (1) il existe un lien négatif entre la propension à la rumination et fonctionnement sexuel ; (2) il existe un lien négatif entre ruminations sexuelles et fonctionnement sexuel, et les ruminations sexuelles ont un caractère prédictif sur les dysfonctions sexuelles plus fort que celui des propensions générales à la rumination et que les cognitions sexuelles prises individuellement et (3) il existe un lien positif entre les ruminations sexuelles et la propension à l’anxiété sexuelle. Nos participants, issus de la population générale, ont rempli une série de questionnaires visant à mesurer le fonctionnement sexuel, l’anxiété sexuelle, la réactivité émotionnelle, les croyances sexuelles irrationnelles, la propension à ruminer, et les ruminations sexuelles. Sur base de ces données, des analyses de corrélations et des régressions linéaires multiples (méthode pas à pas) ont été effectuées. Les résultats valident nos hypothèses, et impliquent que les ruminations sexuelles pourraient être une dimension intéressante à associer au fonctionnement sexuel. Ils mettent aussi en évidence l’anxiété sexuelle et les ruminations sexuelles comme facteurs les mieux associés au fonctionnement sexuel parmi les différentes variables étudiées, avec tout de même des différences entre les hommes et les femmes. Nous notons cependant plusieurs limites à notre étude : la population non clinique ne permettait pas une mise en évidence importante des facteurs étudiés, le questionnaire utilisé pour mesurer les ruminations sexuelles n’a pas fait l’objet de validation antérieure dans la littérature, les modèles explicatifs proposés ne tenaient peut-être pas compte de certaines variables intéressantes, et l’impact du contexte au moment de l’étude n’a pas été mesuré. Des travaux ultérieurs approfondissant nos résultats et palliant à nos lacunes permettraient peut-être une meilleure compréhension des dimensions étudiées.