Etude des désignations des Réserves Intégrales en Forêt proposées dans le cadre du Code Forestier

Abstract

Depuis le siècle passé, la création d’aires protégées est devenue une méthode usuelle afin de préserver les écosystèmes et la biodiversité qui y règne contre les pressions exercées tels que l’altération, la fragmentation et la disparition des habitats. Dans cette optique, l’Article 71 du Code Forestier (2008) impose la mise en place de réserves intégrales dans les forêts feuillues soumises au régime forestier à concurrence de 3 % de leur surface pour les propriétés de plus de 100 hectares de bois et forêts. En 2022, le réseau rassemble environ 8 110 hectares de Réserves Intégrales en Forêt (RIF). L’objectif de ce travail consiste à réaliser l’analyse des désignations de RIF dans l’optique d’élaborer des propositions de recommandations visant à améliorer le réseau existant. La première partie de ce travail a consisté à élaborer une enquête destinée au Département de la Nature et des Forêts (DNF) afin d’appréhender les critères de désignation des RIF, les éventuelles méthodes de gestion et enfin d’évaluer la perception générale sur ces réserves. Cette enquête a démontré des avis assez contrastés quand aux consignes et critères de désignations. Les RIF ont été pour la plupart désignées parmi des peuplements de moindre valeur économique et difficile d’exploitation.La deuxième partie de ce travail s’est concentrée sur l’analyse cartographique du réseau. Le croisement de plusieurs couches a permis de déterminer si les propriétés respectaient le Code Forestier et de collecter des informations pour comprendre la composition du réseau actuel. De nombreuses propriétés de plus de 100 hectares de bois et forêts ne respectent pas l’Art. 71 du Code Forestier. De plus, les RIF possèdent, pour la majorité, une petite superficie, une forme allongée et le réseau est plutôt mal réparti spatialement. Néanmoins, il reste actuellement un potentiel riche en habitats pour les désignations futures de RIF. Un volet complémentaire a été réalisé afin d’initier et de tester un protocole d’inventaire de la biodiversité qui pourrait être appliqué de manière standardisée aux RIF dans le suivi de leur évolution. Cette dernière partie comprenait la réalisation, dans certaines réserves, de l’évaluation de l’Indice de Biodiversité Potentielle (IBP) ainsi que d’un inventaire des arbres morts, sur pied ou au sol, d’une circonférence supérieure à 120 cm. Un déficit en bois mort et d’arbres vivants de grande dimension s’est fortement fait ressentir dans les réserves. Enfin, cette étude aura permis d’apporter un nouveau regard concernant les Réserves Intégrales en Forêt et d’évaluer les faiblesses du réseau actuel dans le but de l’améliorer. Il semble impératif de combler les déficits du réseau existant voire d’augmenter le réseau minimum de RIF dans les forêts feuillues. Les lacunes actuelles conduisent à la nécessité d’élaborer un réseau d’inventaires biologiques standardisés et spécifiques au réseau de RIF afin de suivre leur évolution.