Comment la presse écrite belge francophone aborde-t-elle le féminicide ?

Abstract

Ce mémoire avait pour objectif de s’intéresser à la manière dont la presse écrite belge francophone traite le féminicide. Ce phénomène est de plus en plus abordé ces dernières années, et cette recherche souhaitait mettre en avant d’éventuelles spécificités propres au traitement médiatique de ce dernier. La question de recherche à la base de ce travail était donc « Comment la presse écrite belge francophone aborde-t-elle le féminicide ? ». Pour répondre à cette question, un corpus composé de 7 quotidiens et de 90 articles s’étalant sur la période du 1er janvier 2017 au 1er mai 2022 a été réalisé et a fait l’objet de multiples analyses. Ces analyses se sont ancrées dans une démarche quantitative ainsi que dans une démarche qualitative. Ces analyses ont fait émerger de multiples caractéristiques, comme notamment le fait que le féminicide a particulièrement été abordé dans la presse durant l’année 2019, année clef pour la reconnaissance médiatique et sociétale de ce phénomène. En outre, il est ressorti que les articles traitant de ce sujet le font majoritairement à partir d’informations d’origine régionale et provinciale, et que bien que les quotidiens utilisent la même forme journalistique pour leurs articles, ceux-ci diffèrent en fonction du journal qui les publie. Il a également été mis en lumière que les articles sont majoritairement rédigé suite à des mesures judiciaires vis-à-vis de l’auteur et à des événements politiques. Les victimes et les auteurs de féminicide sont essentiellement décrits de manière descriptive, avec peu d’autres informations données à leurs sujets. Certains articles présentent un cadrage médiatique tel que décrit par Gillepsie et al. (2013) ainsi que par Bullock et Cubert (2002). La presse aborde principalement le féminicide sous sa forme intime, occultant les autres formes qu’il peut prendre. Aucun article ne propose d’analyse globale de ce phénomène en l’intégrant dans un contexte plus large que celui à l’origine de sa rédaction, ne permettant pas aux lecteurs de se questionner sur les processus et aspects spécifiques au féminicide. En outre, la majorité des articles du corpus analysé présente le féminicide comme un crime, au même titre qu’un homicide.