Spatio-temporalité de l'émission de «long calls» du tamarin-lion à croupe dorée (Leontopithecus chrysopygus) : Une application de l'utilisation des capteurs acoustiques

Abstract

Réservoir de biodiversité, la forêt atlantique subit pourtant une pression continue depuis l’arrivée des premiers Européens sur le continent. Avec seulement 28 % du couvert originel, elle se retrouve aujourd’hui morcelée en un quart de millions de fragments. Le tamarin-lion à croupe dorée (Leontopithecus chrysopygus) fait partie des espèces endémiques et menacées, dont la majorité de ses populations se retrouvent isolées au sein de ces vestiges forestiers. Dans ces fragments où les ressources peuvent être limitées, il est essentiel de comprendre comment les groupes de tamarins-lions utilisent et divisent l´espace disponible. Caractérisé comme une espèce territoriale, le tamarin-lion à croupe dorée émet des « long calls », vocalisations dont une des fonctions principales est la défense de son territoire. L´utilisation de capteurs acoustiques peut ainsi s´avérer être un outil efficace pour étudier la spatio-temporalité de l´émission de ces « long calls » et mieux comprendre les comportements de territorialité de l´espèce. Ainsi, les objectifs de cette étude sont de déterminer (1) la distribution temporelle et spatiale de l´émission de « long calls » et (2) l´effet de la structure de la forêt et des ressources alimentaires sur l´occurrence de « long calls ». Dans un fragment de 100 hectares situé à Guarei (São Paulo), et contenant 3 groupes de tamarins-lions à croupe dorée, un total de 45 capteurs acoustiques a été installé afin d’y enregistrer les « long calls » émis durant 14 jours. Autour de chaque capteur, une parcelle de végétation de 10 sur 30 m a été créée et un inventaire floristique y a été mené. Le plus grand nombre de « long calls » a été émis durant l’après-midi, et ce en majorité aux frontières des domaines vitaux. Par contre, les résultats contrastent en fonction des groupes. Deux groupes semblent en effet avoir initié davantage de « long calls » et d’interactions, en comparaison du troisième. La fréquence de « long calls » augmente significativement avec le diamètre des arbres, mais montre des tendances contrastées avec la densité de tiges, la couverture ainsi que le nombre de connexions de canopée, et le volume occupé par les lianes. La présence d’arbres fruitiers et de lianes est négativement corrélée au nombre de « long calls ». Les résultats montrent que les tamarins-lions à croupe dorée semblent défendre les zones de leur territoire en fonction de la structure de la forêt et de la disponibilité des ressources. Néanmoins, il serait nécessaire de confirmer ces résultats dans d´autres sites et de tester le possible effet de la saisonnalité sur l´émission des « long calls ». Enfin, cette étude témoigne d’une grande hétérogénéité spatiale de l´émission de « long calls » qui semble aussi être en lien avec le groupe. Une étude plus approfondie serait donc nécessaire pour mieux comprendre ces différences intergroupes. L’utilisation de capteurs acoustique s’étant révélée particulièrement adaptée aux exigences de l’étude, ceux-ci pourraient faire l’objet de bien d’autres applications dans l’étude des vocalisations des tamarins-lions ou plus généralement des primates.