Le rôle des processus d'inhibition en mémoire de travail et leur évolution dans le vieillissement normal et pathologique (aphasie)

Abstract

Dans ce mémoire, nous nous sommes intéressés à la capacité à supprimer des informations non pertinentes en mémoire de travail (MDT), c’est à dire l’inhibition cognitive, qu’elle soit verbale sémantique/phonologique ou visuelle. Actuellement, aucune étude ne s’est intéressée de manière comparable à l’inhibition au sein de ces trois modalités. Dans une perspective comportementale, nous avons comparé des sujets adultes jeunes avec des sujets âgés sains. Ensuite, nous avons réalisé une étude de cas unique portant sur un patient aphasique présentant des troubles verbaux, comparé à un groupe de participants sains appariés. La première hypothèse que nous avons formulée concerne une altération plus marquée des capacités d’inhibition au sein de la MDT chez un patient aphasique, en comparaison à un groupe contrôle apparié. Ces difficultés seraient également observables chez les personnes âgées saines, comparativement aux personnes jeunes. La seconde hypothèse de recherche concerne la spécificité des déficits de contrôle (e.g. modalité spécifique ou générale en regard d’une altération du contrôle verbal). Dans ce contexte, l’objectif de ce mémoire était d’évaluer les effets d’interférence en MDT (suivant les modalités visuelle, sémantique et phonologique) chez des sujets adultes jeunes sains, des sujets âgés sains et chez un patient aphasique adulte. Les résultats suggèrent des différences, d’une part entre les paradigmes expérimentaux, d’autre part entre les conditions d’interférence. Un effet de l’âge est rapporté au sein des tâches de jugement de similarité (paradigme 2) mais pas lors des tâches de Recent-negative (paradigme 1), ce qui laisse supposer à une spécificité liée aux épreuves elles-mêmes. De plus, la modalité sémantique en MDT semble la moins impactée par l’effet d’interférence. Enfin, notre étude de cas unique n’indique aucune différence de résultats entre la patiente aphasique et un groupe contrôle apparié (le trouble langagier ne semble pas avoir impacté négativement le score d’interférence). Au contraire, en modalité visuelle de la MDT, la patiente semble être plus performante. Il nous est difficile de conclure quant à une spécificité ou non des processus d’inhibition, il est donc nécessaire de poursuivre des recherches approfondies à ce sujet. Nous pouvons néanmoins partiellement confirmer notre hypothèse que les sujets âgés présentent un score d’interférence supérieur aux sujets adultes jeunes. En effet, cette différence serait liée à la tâche et notre étude en aphasiologie ne permet pas de tirer des conclusions sur une aggravation des difficultés d’inhibition avec un trouble langagier.