Etude qualitative du passage à l'acte hétéro-agressif

Abstract

Partant des différentes théories portant sur le fonctionnement limite, nous avons tenté d’ériger une compréhension globale du passage à l’acte hétéro-agressif et d’en faire émerger du sens. Une construction qui s’est voulue inscrite dans une recherche qualitative ; l’objectif ayant été de partir à la rencontre de cinq individus et d’écouter leurs histoires singulières. Aucun critère diagnostique n’a été posé, seule comptait la présence d’un passage à l’acte hétéro-agressif. Nous avons donc brassé large dans la pluralité des fonctionnements psychiques possibles. C’est à partir de ces matériaux, des retranscriptions ainsi que des différents protocoles TAT récoltés que nous nous sommes essayés à démêler les divers mécanismes qui constituent un tel phénomène. Afin de guider nos pas dans ce cheminement, nous avons établi a priori trois axes de questionnement. Le premier tournait autour du développement traumatique infantile et de ses tenants et aboutissants dans le fonctionnement psychique. Le deuxième axe se concentrait plutôt sur les capacités de mentalisation et de symbolisation et leur rôle dans le passage à l’acte. Enfin, le dernier aspect se rapportait à l’intolérance à la frustration qui, selon nous, était un élément central dans la genèse de la limite. Néanmoins, il s’est avéré a posteriori que ce dernier vecteur de recherche se prêtait moins à notre recherche, tant le manque de données pour l’étoffer était prégnant. Nous avons donc décidé de tourner notre regard vers la notion de culpabilité qui semblait occuper une place centrale dans le fonctionnement de nos participants. C’est grâce aux récits de Pierre, Marc, Suzanne, Judith et enfin Sophie que nous avons pu tenter d’élaborer une compréhension du passage à l’acte en partant de vécus à la première personne. Si nous devions résumer en quelques lignes nos apprentissages, nous pensons avoir tiré comme enseignements que le phénomène du passage à l’acte est avant toute chose une tentative de réponse à un environnement « défaillant » qui n’a pu permettre la distinction nette entre le soi et le non-soi. Un contexte parfois de violence ou de négligence dans lequel le mauvais objet aurait dû être introjecté afin de préserver le lien à la figure de soins. S’en suivrait une pluralité de mécanismes défensifs visant à défendre l’appareil psychique contre une déstructuration totale provoquée par ce mauvais objet. Le passage à l’acte serait donc le dernier rempart protégeant d’une désorganisation identitaire et permettant de tracer la frontière entre ce qui relève du soi et du non-soi lorsque l’élément psychique traumatique et non symbolisé tend à faire retour.