Paysages de l'estuaire de la Seine et de ses plaines alluviales : Adaptation des activités face aux changements climatiques et aux problématiques diverses. Application au Marais-Vernier

Abstract

L’estuaire de la Seine a subi de nombreuses transformations depuis le XIXème siècle. Son paysage, qui s’étend de la Manche à Poses, en amont de Rouen, a été l’objet de nombreux aménagements successifs. Les modifications des berges, des plaines alluviales et l’établissement de polders sur la mer ont contribué à transformer cet espace autrefois naturel, en des espaces hautement anthropisés. Aujourd’hui, les espaces agricoles, urbains, industriels et portuaires, côtoient les espaces naturels remarquables de cet estuaire, et notamment les coteaux boisés et les nombreuses zones humides des plaines alluviales. L’impact de l’homme est conséquent sur l’estuaire de la Seine. Chaque année, ce sont des tonnes de résidus de pesticides, filtres UV et autres polluants sont déversés dans la mer par le biais du fleuve et de ses affluents. En effet, la Seine est connectée au territoire par l’ensemble du bassin hydrographique dont elle fait partie. De plus, les travaux de chenalisation du fleuve, l’établissement des digues bétonnées et d’autres ouvrages hydrauliques tels que des barrages ont coupé les liens écologiques de la Seine avec ses plaines alluviales, notamment. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir la Seine déborder, provoquant l’inondation des plaines alluviales. Ceci n’est pas seulement du au fleuve, mais est aussi provoqués par le caractère naturellement humide de ces terrains, et par la topographie particulière de ces paysages établis en pied de coteaux, par lesquels arrivent la plupart des apports en eau. Ces inondations risquent d’être de plus en plus présentes à l’avenir face aux changements climatiques annoncées, et notamment par la montée des eaux maritimes. Ces changements climatiques vont faire évoluer de nombreux paramètres (baisse de la pluviométrie, baisse du débit fluvial, augmentation du gradient de salinité dans le fleuve, augmentation de la température annuelle moyenne, ...). Ainsi, les activités anthropiques présentes au sein des paysages des plaines alluviales de l’estuaire de la Seine, vont être amenées à être adapté. C’est l’objet de ce mémoire. Il s’agit de se questionner sur l’avenir de ces plaines alluviales faces aux pressions diverses, en tenant compte : des données mises à notre disposition ; des acteurs du territoire pour cette transition et de leurs axes d’actions ; des outils existants, que nous avons ciblés, pour répondre aux problématiques. Les paysages de l’estuaire de la Seine étant vastes et variés dans leurs typologies d’occupation du sol notamment, nous nous sommes concentrés sur les paysages agricoles à travers le scénario AFTERRES 2050 pour l’alimentation et l’agriculture sur le territoire de la Seine-Normandie à l’horizon 2050. Nous avons également utilisé le projet REPERE, offrant un diagnostic poussé des altérations écologiques de l’estuaire, ainsi que des orientations de restauration par secteur de l’estuaire de la Seine. Le choix d’un «site atelier» s’est porté sur le Marais-Vernier par une série de choix méthodologiques. À l’image de l’estuaire de la Seine, il subit de nombreuses dégradations dues à l’intervention humaine. C’est le cas, notamment, de sa tourbière, la plus importante de France, qui se dégrade à cause du drainage mis en place. Cependant, la préservation de cette tourbière passant par sa remise en eau, ne peut en aucun cas se faire sans considérer les autres paramètres du Marais-Vernier, et notamment l’agriculture qui y est établie, et les agriculteurs. Notre méthodologie, outre le choix du site, consiste à donner des orientations de restauration, de réhabilitation, et de préservation par grands secteurs du Marais-Vernier, établis selon une logique de priorités d’actions, la préservation de la tourbière étant notre objectif principal. Ces orientations par secteurs, se basent sur les orientations émises par le projet REPERE, le scénario AFTERRES 2050, et par le biais de l’étude des paysages de l’estuaire et du Marais-Vernier que nous avons réalisé. Une rencontre avec des agriculteurs du Marais-Vernier pour leur exposer ce travail laisse apparaître que des inquiétudes et un manque de garanties sur l’avenir du Marais-Vernier sont ressentis par ces derniers. Enfin, ce travail est une ouverture à de nombreuses possibilités, et soulève de nombreuses questions et perspectives d’évolutions.