Des pisteurs-chemineurs habitant les chemins forestiers : approche sociologique sur le territoire de Stoumont

Abstract

Alors que la hausse des fréquentations des massifs forestiers s’est fortement accentuée durant notamment les périodes de confinement dues à la pandémie de COVID 19, les tensions entre les acteurs qui se partagent un même territoire – la commune de Stoumont - se sont ravivées. La problématique a été prise sous l'angle du vécu des acteurs afin de comprendre comment les chemins et sentiers se vivent par les acteurs. En effet, à partir de cette situation factuelle qui était difficile à démêler dans le cadre de ce travail, le choix a été de décaler la focale et de découvrir le vécu ainsi que les ressentis d’une vingtaine d’acteurs. La méthode d’approche se base à la fois sur une démarche itérative et sur une approche qualitative par le biais de « walking interviews » sur le terrain. De cette manière, ce mémoire entend naviguer entre le niveau micro-social (le ressenti des acteurs lorsqu’ils arpentent les chemins et sentiers forestiers) et le niveau meso-social (comment les chemins forestiers se partagent au travers du vécu de ses acteurs). L’objectif du présent travail vise à apporter une nouvelle intelligibilité de la question en se focalisant sur la réalité plurielle de la diversité des acteurs. Ce travail émet l’hypothèse que les chemins et sentiers forestiers reflètent une identité plurielle en partant du principe qu’ils portent des affordances — invites —différentes selon les pratiques et les acteurs. Il s’agissait aussi d’aborder de nouvelles méthodes de compréhension de la vie sur un territoire. C’est en réalité la relation entretenue avec l’environnement du chemin — ses abords, les paysages et à la forêt qui l’accueille et qui héberge toute forme de vie— qui permet de le savourer avec tous ses sens. C’est en adoptant une posture dynamique de pisteur-chemineur, qui développe une ouverture sensible au vivant, que des relations et des alliances peuvent se façonner au cours du temps et de l’espace. Notre approche a permis de pister les éléments qui accueillent ces formes d’alliances qui visent à une cohabitation diplomatique entre vivants. Si des modus vivendi existent, c’est qu’en réalité, des pisteurs-chemineurs collaborent avec d’autres formes de vie dans l’ombre des forêts.