Perception de la violence conjugale et du père auteur de violences conjugale

Abstract

Objectif : L’objectif de cette recherche est d’explorer et de mieux comprendre la perception de la population concernant la violence conjugale et le père auteur de violences conjugales. Les attitudes à l’égard de la violence conjugale et notamment les croyances et les stéréotypes entraînent des conséquences sur les victimes et peuvent constituer un frein à leur prise en charge. Ainsi, nous explorons et étudions l’effet de certaines variables comme le sexe, l’empathie, le type de violence et son occurrence sur la perception de la population à l’égard de la violence conjugale. Nous nous questionnons également, à travers cette étude, si ces mêmes facteurs peuvent influencer la population lorsqu’il leur est demandé d’évaluer un père auteur de violences conjugales. Méthodologie : Notre échantillon se compose de 142 participants âgés de 18 à 70 ans. On y retrouve 41 tout-venants, 72 intervenants psycho-sociaux ainsi que 29 intervenants psycho-sociaux spécialisés dans la prise en charge de victimes et/ou d’auteurs de violences conjugales. Les données ont été récoltées à l’aide d’une enquête en ligne composé de trois questionnaires : un questionnaire socio-démographique, un questionnaire concernant des scénarii de violence conjugale (André, 2013), et le Questionnaire of Cognitive and Affective Empathie (QCAE ; Reniers et al., 2011). Nous avons également mené des entretiens semi-structurés avec 15 participants dont 5 participants par domaine professionnel étudié. Résultats et discussion : Plus la violence conjugale est perçue gravement, plus le père est considéré comme un mauvais père. Plus les participants présentent une empathie élevée, plus ils perçoivent gravement la violence conjugale. De plus, les femmes perçoivent plus gravement la violence que les hommes. Concernant chaque variable séparément, la violence répétitive engendre une perception moindre de la compétence parentale du père, et une perception plus grave de la violence conjugale. La violence psychologique engendre une perception moindre de la compétence parentale du père auteur de violences conjugales, notamment chez les tout-venants. D’autres résultats ont été mis en avant et ont fait l’objet d’une discussion nuancée par la littérature et les perceptions des personnes interrogées lors des entretiens. Conclusion : Des analyses complémentaires sont nécessaires afin d’investiguer davantage certains aspects de notre étude. Il semble important de continuer les recherches sur le thème de la paternité en contexte de violence conjugale avec un échantillon plus large et homogène