Mémoire, y compris stage professionnalisant[BR]- Séminaires méthodologiques intégratifs[BR]- La lutte contre les mutilations génitales féminines en Belgique francophone : exploration et analyse de l' approche abolitionniste.

Abstract

Du point de vue du monde occidental, la pratique de l’excision est généralement considérée comme une violence de genre. Les mutilations génitales féminines sont abordées sous un angle dichotomique stricte, pour ou contre. C’est dû au fait que ces pratiques sont considérées comme un empiétement sur le droit des femmes et sur l’appropriation de l’expression sexuelle de celles-ci qu’un vaste effort mondial concerté est dédié à l’abolition de cette pratique. Le postulat de départ de ce mémoire est de se demander quelles sont les effets et les conséquences de la démarche abolitioniste dans le cadre de la lutte contre les mutilations génitales féminines en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il s’agit également d’analyser comment ce positionnement abolitionniste se traduit dans le travail de terrain et dans les pratiques de prévention développée par le milieu associatif. Il s’agit de déterminer si ce positionnement présente les mêmes risques de stigmatisation et de dissimulation constatés dans d’autres situations où les approches abolitionistes et prohibitionnistes prévalent telles que celles relatives au travail du sexe ou à la consommation de drogues illicites. Cette étude s’arrête notamment sur différents thèmes tels que l’approche communautaire et l’empowerment. Nous nous arrêtons également sur les notions de médicalisation, de réduction des risques pour ensuite évoquer plusieurs pistes d’action. Nous avons mobilisé une méthodologie qualitative : réalisation de onze entretiens semi-dirigés avec des acteurs clés dans le domaine ; analyse thématique de seize documents et mise en place de deux observations participantes. Les données afférentes aux données qualitatives recueillies sont présentées sous la forme d’une synthèse thématique structurée et discutée. Les résultats de l’étude montrent que l’excision est placée dans un continuum des violences liées au genre, que l’approche prônée de la sensibilisation doit être plus étendue en s’éloignant d’une forme d’occidentalocentrisme et que l’évaluation des effets et des conséquences est plus complexe qu’il n’y paraît. Il subsiste de nombreuses pistes d’amélioration du travail de prévention spécialement en termes d’éducation ainsi qu’au niveau de la sensibilisation des hommes et des leaders des communautés concernées. En outre, la question de l’approche par la réduction des risques et par la médicalisation est discutée. Enfin, il est proposé que cette étude soit complétée par une étude d’analyse de l’impact des interventions en matière de lutte contre les mutilations génitales féminines.

From a Western perspective, the practice of female genital mutilation (FGM) is generally regarded as gender violence. Female genital mutilation is approached from a strictly dichotomous, for-or-against angle. It is because these practices are seen as an encroachment on women's rights and the appropriation of their sexual expression that a vast, concerted global effort is dedicated to abolishing the practice. The starting point of this thesis is to examine the effects and consequences of the abolitionist approach in the fight against female genital mutilation in the Wallonia-Brussels Federation. The aim is also to analyse how this abolitionist stance is reflected in fieldwork and in the prevention practices developed by associations. The aim is to determine whether this positioning presents the same risks of stigmatization and concealment observed in other situations where abolitionist and prohibitionist approaches prevail, such as those relating to sex work or illicit drug use. This study focuses on themes such as the community approach and empowerment. We also take a closer look at the notions of medicalization and harm reduction, before going on to discuss several possible courses of action. We used a qualitative methodology: eleven semi-structured interviews with key players in the field; thematic analysis of sixteen documents; and two participant observations. The qualitative data collected is presented in the form of a structured and discussed thematic synthesis. The results of the study show that female circumcision is part of a continuum of gender-based violence, that the approach advocated to raise awareness needs to be broader, moving away from a form of Western-centricity, and that assessing the effects and consequences is more complex than it seems. There are still many avenues for improvement in prevention work, especially in terms of education and raising awareness among the men and leaders of the communities concerned. In addition, the issue of harm reduction and medicalization is discussed. Finally, it is proposed that this study be completed by a study analysing the impact of interventions to combat female genital mutilation.