Épidémiologie comparée des principales fractures de stress intra-articulaires de nature chirurgicale et pronostic sportif chez le galopeur

Abstract

Les fractures de fatigue chez le cheval sont le résultat d’une mal-adaptation osseuse à l’effort avec une accumulation excessive de micro-dommages lors d’activités sportives de haute intensité. En médecine vétérinaire, elles sont très fréquemment associées aux chevaux de course à l’entrainement, et plus particulièrement aux Galopeurs. Chez ces derniers, elles sont même considérées comme la cause n°1 de boiteries sévères à l’origine de pertes d’entrainement, voire de réformes. En outre, l’absence de détection à temps des fractures de fatigue chez ces chevaux à l’entrainement peut conduire dans leur stade ultime à l’apparition de fractures catastrophiques en course, qui sont impliquées dans une grande majorité des accidents fatals sur hippodrome.

Une compréhension précise de la pathophysiologie des fractures de fatigue, ainsi que l’identification des principaux facteurs de risque associés, permettent d’améliorer la prise en charge précoce de ces affections. Toutefois, leur diagnostic reste toujours un challenge malgré le développement au cours de ces dernières années de techniques d’imagerie médicale avancées en médecine vétérinaire équine. Dans le monde des courses, la prévention et la prise en charge de ces lésions osseuses de fatigue sont devenues indispensables compte tenu des enjeux majeurs qu’elles impliquent aussi bien sur le plan sportif, économique que pour la sécurité des acteurs, la santé et le bien-être des chevaux mais aussi l’image des courses auprès du grand public et des médias.

Parmi les principaux sites de prédilection associés aux fractures de fatigues chez les Galopeurs, nous pouvons citer les condyles distaux du métacarpe III / métatarse III, la phalange proximale et l’os carpal III. Considérant leur fréquence et leur possible nature chirurgicale, ces 3 types de fractures à composante intra-articulaire ont ainsi été retenus pour réaliser une étude descriptive basée sur une centaine de cas cliniques entre 2012 et 2022. L’objectif de l’étude est de décrire le pronostic sportif et les facteurs de risques associés pour ces fractures chez des Pur-Sang de plat traités chirurgicalement. L’analyse des données a permis de mettre en évidence plusieurs hypothèses et de les confronter aux données déjà disponibles dans la littérature. Il en ressort que l’initiation des fractures du condyle latéral et de l’os carpal III pourrait être davantage favorisée par une accumulation de courses courues sur une période brève et récente, considérant un nombre de courses courues au cours des 2 derniers mois précédant le diagnostic significativement plus élevé pour ces fractures que pour les fractures du condyle médial et de la phalange proximale. Une majorité des chevaux traités dans l’étude est revenue en course après la chirurgie sans différence significative selon les catégories de fractures. Toutefois, nous avons noté que le retour en course est apparu significativement plus long chez les chevaux ayant subi une fracture du condyle médial que pour les autres fractures. Enfin, parmi les chevaux ayant couru avant la fracture puis revenus en course, une diminution significative des gains moyens post-fracture a été notée uniquement au sein des fractures condylaires.