L'identité ethnique dans le processus post-migratoire: le cas de la troisième génération italienne de Charleroi.

Abstract

Dans ce mémoire, la thématique de l’ethnicité de la troisième génération italienne de Charleroi est développée. Il s’agit, tout au long de ces lignes, d’éclairer la manière dont ces individus conçoivent leur identité ethnique et la vivent. Plus largement, il est question d’appréhender la réalité post-migratoire de ces jeunes, et de comprendre si cette réalité est comparable aux différents groupes ethniques issus des diverses vagues migratoires européennes aux Etats-Unis. Le choix du terrain ne s’est pas opéré de manière anodine : Charleroi est, en effet, l’une des régions avec Liège, le Borinage et le Centre, à avoir connu le plus d’arrivées italiennes suite à l’accord du charbon signé entre l’Italie et la Belgique, le 20 juin 1946. Ce mémoire a également la prétention de pallier un manquement dans les connaissances scientifiques : comme les Italiens et leurs descendants sont considérés comme totalement intégrés, comme le modèle en matière d’intégration, les mondes académique et politique ne portent plus grand intérêt à ce groupe. L’étude du processus post-migratoire, dans lequel se trouvent les jeunes de la troisième génération italienne, est cependant intéressante pour la question de la mutation de l’ethnicité. Cette problématique a déjà été développée par Herbert Gans qui, à partir de ses études, a théorisé « l’ethnicité symbolique ». D’autres chercheurs ont suivi le pas, comme Waters qui a développé la notion de « choix ethnique », considéré comme le prolongement de « l’ethnicité symbolique ». Dans cette optique, ce présent mémoire étudie l’ethnicité de la troisième génération italienne par le biais des études américaines déjà développées à ce sujet. Après avoir analysé le matériel empirique, il s’est avéré que l’ethnicité de la troisième génération italienne représente une forme d’ethnicité symbolique teintée d’options ethniques. Ces jeunes revendiquent, effectivement, une appartenance à leur origine, sans pour autant s’impliquer dans les associations et organisations italiennes. Leur ethnicité repose sur l’identité ethnique qu’ils vont décider de mobiliser selon les situations, non plus, sur les organisations ethniques. Une plus grande marge de liberté est donc laissée aux individus pour la définition et la compréhension de leur ethnicité. Cette liberté est constatée par le double choix que ces jeunes opèrent : d’abord, ils vont décider s’ils veulent s’identifier de manière ethnique. Par la suite, ils vont choisir le groupe auquel ils désirent s’identifier. Ensuite, pour vivre et mobiliser leur ethnicité, ces jeunes vont choisir parmi le vieux stock culturel, les pratiques qu’ils veulent adopter, et vont les transformer en symboles. Nous pouvons donc conclure que l’ethnicité des individus de la troisième génération ne cadre pas leur vie quotidienne, mais relève d’un loisir à jouir durant les temps libres. Cette forme est donc intermittente, situationnelle, nostalgique et empreinte de choix personnel.