Ethnographie des parcours de jeunes migrants d'Afrique subsaharienne « ex-mena ». Construire sa vie entre contraintes et agentivité en Province de Liège (Belgique)

Abstract

La migration vers l’Europe représente, pour les jeunes migrants d’Afrique subsaharienne, un moyen d’ascension sociale et une épreuve à l’issue de laquelle ils deviendront des adultes. Leur arrivée se fait pour la plupart au terme d’un long parcours terrestre et maritime et ils espèrent bénéficier du statut de mena qui pourrait leur conférer certaines facilités pour atteindre leurs objectifs. Cependant, plusieurs font face à une réalité assez différente de celle imaginée, dont un dispositif peu flexible de l’asile. L’arrivée en Europe ne signifie pas la fin du périple et plusieurs obstacles s’érigent sur leur chemin. Je m’appuie sur mon expérience personnelle de la migration et sur une ethnographie menée dans un centre Croix-Rouge pour demandeurs d’asile en Belgique, pour examiner la dynamique de ces jeunes migrants, qui présentent à la fois une fragilité et une témérité. Ils sont déclarés majeurs par Fedasil qui s’appuie sur l’âge calendaire et sur des tests osseux pour déterminer leur âge légal. Pour eux cependant, leur âge dépend de plusieurs facteurs variables qui dépassent le biologique et englobent des facteurs personnels et socio-culturels. Ces jeunes font preuve d’agentivité dans leur vécu de la procédure d’asile en cherchant des alternatives et sont aidés par les travailleurs sociaux de leur centre d’accueil, par leur cercle social et familial et par des ainés ici et ailleurs. Ils brisent ainsi les frontières de la mobilité, s’affranchissent d’un statut qui ne leur convient pas afin de trouver une place dans la société, en Belgique et dans leurs pays respectifs.