Maintien du maraichage dans un contexte de raréfaction de l'eau : Etude de l'impact du changement climatique sur les besoins en irrigation du plateau de Saclay à l'horizon 2060 et perspectives

Abstract

Le changement climatique et les sécheresses consécutives mettent à défi l’agriculture en France notamment le maraichage qui dépend de la ressource en eau pour perdurer. Les besoins d’irrigation sont grandissants dans le milieu agricole et l’eau se raréfie. Le maraichage étant une agriculture nourricière qui peut répondre au double critère de santé humaine et environnementale, il existe un enjeu à ce que cette agriculture puisse perdurer dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau liée au changement climatique. Ce mémoire s’articule donc autour de la problématique « Comment faire perdurer le maraichage dans un contexte de raréfaction de l’eau sous l’impact du changement climatique ? ». Dans le cadre du projet ClimaLeg-Eau de l’INRAE, un premier axe de travail permet d’estimer l’impact du changement climatique sur les besoins en irrigation du maraichage en plein champ à l’horizon 2060 sur le plateau de Saclay. Pour cela, un modèle de bilan hydrique a été développé en se basant sur le calcul par double coefficient de l’évapotranspiration selon le document de la FAO No.56. Ce modèle a été simulé avec des données climatiques Siclima projetées à l’horizon 2060 selon le scénario intermédiaire RCP 4.5 du GIEC. Ainsi, sur le plateau de Saclay et sous l’effet du changement climatique, le modèle permet d’estimer que les besoins en irrigation pour les cutures plein champ d’une ferme maraichère pourraient augmenter à minima d’environ 17% d’ici 2060 par rapport au présent. Le modèle met aussi en exergue l’importance de la couverture du sol sur les besoins en irrigation en plein champ. Cette pratique permettrait, pour une ferme maraichère en plein champ, une réduction de ses besoins en irrigation d’au moins 22% en 2060 par rapport à une culture sur sol nu. Un second axe de travail vient compléter le premier en abordant un point de vue systémique et présente un certain nombre de conditions qui semblent essentielles afin que le maraichage puisse véritablement perdurer dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau liée au changement climatique. Tout d’abord, les fermes maraichères vont devoir mettre en place des stratégies d’adaptation qui requièrent une réelle reconception des agroécosystèmes et une gestion agroécologique de la ressource en eau. Des solutions sont présentées. Puis, cette adaptation doit être soutenue et accompagnée par tous·tes les acteur·trices concerné·es afin que les risques liés au climat qui pèsent sur le maraichage soient partagés. Des perspectives sont présentées. Enfin, pour perdurer, le maraichage doit avoir un accès sécurisé à l’eau d’irrigation, qui est actuellement entravé. Dans cette perspective, des pistes sont présentées pour mettre en place une réglementation permettant une gestion de l’eau territorialisée, équitable et durable.

Climate change and consecutive droughts are challenging agriculture in France, especially for vegetable production, which depends on water resource to survive. The need for irrigation water is growing, and water is becoming increasingly scarce. Since vegetable production is a nourishing form of agriculture that can meet the twofold criteria of human health and environment health, there is a real challenge for this type of farming to survive in a context of increasing water scarcity due to climate change. This dissertation is therefore based on the question "How can vegetable production survive in a context of water scarcity under the impact of climate change?”. As part of INRAE's ClimaLeg-Eau project, a first line of work is aimed at estimating the impact of climate change on the irrigation needs of open-field vegetable production on the Saclay plateau by 2060. For this purpose, a water balance model was developed based on the double coefficient calculation of evapotranspiration according to FAO No.56 paper. This model was simulated using Siclima climate data projected to 2060 according to the IPCC's RCP 4.5 intermediate scenario. Thus, on the Saclay plateau and under the effect of climate change, the model enables us to estimate that irrigation requirements an open-field vegetable farm could increase by at least around 17% by 2060 compared with the present. The model also highlights the importance of soil cover on irrigation needs in the open field. For an open-field vegetable farm, this practice would mean a reduction in irrigation requirements of at least 22% in 2060, compared with cultivation on bare soil. A second line of work complements the first by taking a systemic viewpoint and presenting a few conditions that seem essential if vegetable production is to truly endure in a context of increasing water scarcity linked to climate change. First and foremost, vegetable farms will have to implement adaptation strategies that require a genuine redesign of agro-ecosystems and agro-ecological management of water resources. Solutions are presented. Then, this adaptation must be supported and accompanied by all the players at stake, so that the climate-related risks weighing on vegetable production are shared. Perspectives are presented. Finally, to survive, vegetable production needs secure access to irrigation water. At the moment, access to water is hampered. A few ideas are put forward for the introduction of regulations that will enable water management to be territorialized, equitable and sustainable.