Les résidus de médicaments vétérinaires dans les produits issus de l'aquaculture

Abstract

L’aquaculture est le mode de production ayant la croissance la plus rapide dans l’histoire. Elle présente différents systèmes comparables avec les modes de production d’animaux terrestres. Elle se distingue par des cultures en eau douce et de mer. Il existe 3 principaux modes de production durables : le mode d’aquaculture intégré, le système RAS (recirculating aquaculture system) et l’aquaculture côtière. Ces modes de production sont soumis à la législation européenne dans le but de protéger le consommateur d’éventuels intrants toxiques pour celui-ci. Le règlement européen (CE) n°37/2010 et la décision de la commission 2002/657/CE fixent des limites maximales de résidus (LMR) et des limites de performances minimales requises (LPMR) pour les molécules interdites d’utilisation. Depuis le 28/11/2022, les LPMR sont remplacées par les valeurs de références (VR) énoncées dans le règlement (UE) 2019/1871. Il existe également des obligations lors de la délivrance de médicaments vétérinaires ou d’aliments médicamenteux. Divers systèmes permettant le contrôle des résidus de médicaments vétérinaires sont prévus aux frontières mais également dans les lieux de production, de transport ou de vente pour détecter l’éventuelle présence de ceux-ci et agir en conséquence. Au niveau européen, le système d’alerte « RASFF » (Rapid Alert System for Feed and Food) est un moyen de communication rapide entre les pays membres pour signaler les produits non conformes : les pays concernés peuvent ensuite prendre leurs propres mesures. Ces 3 dernières années, les crustacés représentaient les produits les plus souvent notifiés pour des résidus de triphénylméthanes cationiques ou d’antibiotiques dont les nitrofuranes et les chloramphénicols. Les médicaments vétérinaires sont utilisés car la forte densité d’individus dans les systèmes d’élevage entraîne une prolifération des pathogènes ayant un impact économique et sociétal. Il existe également un risque d’importer des pathogènes dans des zones indemnes. Pour limiter cela et intervenir le plus rapidement possible, il est nécessaire de prévenir l’OMSA (Organisation Mondiale de la Santé Animale) en ce qui concerne les maladies à déclaration obligatoire. Les résidus de médicaments vétérinaires, comme les triphénylméthanes cationiques (vert de malachite et cristal violet) utilisés comme fongicides en aquaculture (mais interdits en Europe), peuvent présenter des risques cancérigènes et tératogènes pour l'Homme. Les nitrofuranes et les chloramphénicols sont également interdits en Europe à cause de leur toxicité. De même, l’utilisation abusive d’antibiotiques entraîne un risque d’antibiorésistance important avec des conséquences néfastes en santé animale et humaine.

Aquaculture is the fastest-growing production method in history. It has various systems that are comparable with land-based animal production methods. It is distinguished by fresh water and marine cultures. There are 3 main sustainable production methods: the integrated aquaculture, the RAS (recirculating aquaculture system) and the coastal aquaculture. These production methods are subject to the European legislation designed to protect consumers from any toxic inputs. The European Regulation (EC) n° 37/2010 and the Commission Decision 2002/657/CE set Maximum Residue Limits (MRLs) and Minimum Required Performance Limits (MRPLs) for banned molecules. From 28/11/2022, the MRPLs are replaced by the reference values (RV) set out in the legislation (EU) 2019/1871. There are also obligations when dispensing veterinary medicinal products or medicated feed. Various systems are in place to monitor residues of veterinary drugs at borders, but also at the point of production, transport, or sale, to detect the possible presence of residues and take appropriate action. At the European level, the 'RASFF' (Rapid Alert System for Feed and Food) is a means of rapid communication between member countries to report non-compliant products; the countries concerned can then take their own measures. Over the last 3 years, crustaceans have been the products most frequently notified for residues of cationic triphenylmethanes or antibiotics including nitrofurans and chloramphenicol. Veterinary drugs are used because the high density of individuals in farming systems leads to a proliferation of pathogens, which has an economic and social impact. There is also a risk of importing pathogens into disease-free areas. To limit this risk and intervene as quickly as possible, it is necessary to notify the WOAH (World Organisation for Animal Health) of notifiable diseases. Residues of veterinary drugs such as cationic triphenylmethanes (malachite green and crystal violet) used as fungicides in aquaculture (but banned in Europe) may present carcinogenic and teratogenic risks for humans. Nitrofurans and chloramphenicol are also banned in Europe because of their toxicity. Excessive use of antibiotics carries a high risk of antibiotic resistance, with harmful consequences for animal and human health.