L'expérimentation à la ferme : quel potentiel pour les transformations agroécologiques des fermes ? Une enquête de terrain.

Abstract

L'expérimentation à la ferme (EAF) est une démarche bénéficiant d'un engouement récent dans la communauté scientifique. Elle est présentée comme un outil capable de produire des connaissances à la fois formelles et profanes, générique et situées. Connaissances qui sont attendues pour répondre à des besoins saillants dans le secteur agronomique. Ces besoins concernent principalement la transformation des systèmes de production vers des modèles plus soutenables en tenant en compte des premières concernées, les agricultrices. Cependant, l'expérimentation à la ferme reste un objet assez mal défini et dont le potentiel effectif est peu évalué. Aussi, cette étude vise à clarifier le notion d'EAF. Ce travail repose sur une enquête de terrain essentiellement basée sur des entretins compréhensifs menés auprès d’acteurs impliqués dans des EAF collectives. Il a permis de distinguer quelques grands enjeux gravitant autour de cette notion. L'EAF est une notion qui ne fait pas consensus entre les actrices. Cette notion regroupe une diversité de démarches caractérisées par un gradient de participativité et de types d'agroécologie. Ces démarches sont conditionnées par les logiques dans lesquelles sont pris les différentes parties prenantes. Ces contraintes induisent différents degrés de contrôle. Ce contrôle peut être compris en étudiant les usages qu'ont les différentes parties prenantes de l'EAF. Or, il réside des attentes différenciées quant à cette notion d'EAF. Nous concluons que L'EAF peut être favorable à la transformation effective des fermes dans une visée agroécologique si elles : (i) sont fortement participatives, (ii) prennent en compte l’échelle du système (iii) bénéficient de moyens suffisants pour produire des résultats. Cependant une clarification est nécessaire sur la portée de ces démarches qui semble (i) avoir moins d'effet sur le changement de pratiques que (ii) participer au cheminement personnel des agricultrices et a l’évolution de valeurs qu’elles portent. Les EAF les plus favorables sont de nature génératives, mais les logiques de recherche et de projet menacent la cohérence agroécologique de ces démarches.