Projets de conservation intégrée de la biodiversité et persistance des pressions anthropiques sur les aires protégées du Sud-Ouest ivoirien : expériences du PROFIAB II et la constance des pressions des populations riveraines sur le Parc National de Taï

Abstract

u cœur des discussions actuelles autour de la préservation de la biodiversité se trouve une question qui engendre un débat intense : quel est l'impact des projets de conservation sur le développement économique et social des environnements où ils sont implantés ? La préservation de la biodiversité soulève en effet le dilemme du développement des milieux sociaux dans lesquels elle est envisagée. Cela découle principalement du fait que sa préservation pourrait impliquer une sous-utilisation des ressources naturelles recensées dans ces zones par les populations locales. Pourtant, certains experts estiment qu'une utilisation optimale de ces ressources serait essentielle pour stimuler et solidifier le développement de ces régions (Amin, 1978 ; Bekkouche, 1987 ; Schmitt, 2013). Les contextes sociaux en Afrique illustrent particulièrement cette problématique. Non seulement ces régions sont riches en ressources naturelles hautement convoitées et précieuses, mais elles sont également le foyer de projets axés sur la conservation de ces ressources, visant à leur gestion dite "rationnelle". Toutefois, ces mêmes régions affichent parallèlement des niveaux de développement économique et social parmi les plus bas de la planète. Ce paradoxe soulève donc une question cruciale : est-il bénéfique pour le continent africain de prioriser la conservation de la biodiversité comme pilier central de ses politiques publiques, ou devrait-il plutôt la reléguer en arrière-plan face aux impératifs de son développement économique et social