Développement d'une méthode de type "attract and kill" dans le cadre d'une stratégie de lutte biologique contre Drosophila suzukii

Abstract

Drosophila suzukii Matsumara (Diptera : Drosophilidae) est un ravageur capable de pondre dans les fruits mûrs grâce à son ovipositeur dentelé. En plus des larves qui s’y développent, la cicatrice laissée lors de l’oviposition sur la membrane du fruit est une voie d’entrée pour les infections microbiennes secondaires, empêchant sa commercialisation. Originaire de l’Asie du Sud-Est, cette drosophile s’est répandue rapidement en Europe et en Amérique du Nord, provoquant des dégâts économiques importants dans les cultures de fruits rouges. Le levier principal employé pour lutter contre ce ravageur est, depuis des années, l’utilisation de produits phytopharmaceutiques comme les néonicotinoïdes. Les restrictions de plus en plus contraignantes sur l’utilisation de ces produits poussent cependant au développement de méthodes de lutte alternatives durables et respectueuses de l’environnement. Ce mémoire avait pour objectif de développer une stratégie de lutte biologique « attract-and-kill », méthode associant des sémiochimiques attractives pour l’insecte cible à des microorganismes, capables de les tuer. L’attractivité de plusieurs sémiochimiques a été testée à l’aide de tests comportementaux à deux choix. Ainsi, la phéromone cis-11-Vaccényl Acétate (cVA) s’est montrée attractive pour les adultes femelles de D. suzukii. Malheureusement, aucun effet synergique entre la cVA et les odeurs de fruits rouges n’a été observé. Trois molécules ont été sélectionnées car elles sont issues d’extrait de fruits rouges. Le linalool et le trans-2-hexenal ont été attractifs tandis que le cis-3-hexen-1-ol n’a pas suscité d’attractivité. Lorsque les trois molécules ont été combinées, elles ont été attractives pour D. suzukii. Les réponses antennaires des adultes de D. suzukii à la cVA ont été analysées par électroantennographie. Bien qu’aucune réponse antennaire dose-dépendante n’ai été significativement observée, celle-ci tend à augmenter avec l’élévation de la concentration. Le sexe de la mouche n’a pas eu d’impact sur la réponse antennaire observée. Finalement, la virulence de quatre souches de champignons entomopathogènes a été évaluée sur les adultes D. suzukii. Les souches Beauveria bassiana et Metarhizium anisopliae (souche F52) ont été efficaces pour tuer les adultes D. suzukii. Quant aux souches Metarhizium anisopliae (souche MUCL6859) et Lecacilium lecanii, elles n’ont pas induit une mortalité significativement différente comparé au témoin.