Du berger au guerrier. L'évêque carolingien face aux raids normands : "dernier rempart de la Chrétienté" ?

Abstract

L’évêque carolingien, au IXe siècle, se dota d’une double casquette : il incarnait d’une part l’héritier des apôtres sur terre, le bon pasteur, le berger, destiné à guider son troupeau vers le salut. En raison du caractère sacré de sa mission, il n’était pas présumé verser le sang de ses propres mains. Il incarnait d’autre part les intérêts d’une communauté définie dans l’espace, il s’identifiait à sa cité épiscopale, dont il se devait d’assumer la défense à tous les niveaux, dont il constituait le dernier rempart contre les assauts des païens. L’ambiguïté de sa tâche se retrouvait-elle dès lors au sein des discours construits autour de sa personne ? Il semble que celui dont l’historiographie ait fait le héros de l’Histoire fut celui qui usa du glaive, et non celui qui usa du verbe. Comment l’évêque qui affronta lui-même les païens, les armes à la main, durant la seconde moitié du IXe siècle fut il donc perçu par ses contemporains, et comment l’expliquer ?