Les capacités de mentalisation chez les adolescents ayant vécu de la maltraitance infantile intrafamiliale : évaluation dans une population d'adolescents judiciarisés en Fédération Wallonie-Bruxelles

Abstract

Objectif : Ce mémoire a pour objectif d’investiguer et de décrire les capacités de mentalisation chez les adolescents judiciarisés, ayant vécu de la maltraitance infantile intrafamiliale. D’une part, il tente de comprendre comment le vécu et l’explication de la maltraitance peuvent être mise en lien avec des conduites délinquantes actuelles ou passées. D’autre part, cette étude contribue à la validation ultérieure, dans une population adolescente, d’outils de mesure destinés initialement aux adultes.

Méthodologie : Notre recherche s’est basée sur six entretiens individuels menés auprès d’adolescents judiciarisés. Chacun a complété deux questionnaires préliminaires, permettant, sur base des réponses fournies, l’adaptation de notre guide d’entretien à chaque histoire personnelle. Le premier est le Childhood Trauma Questionnaire, mesurant et identifiant le vécu de maltraitance chez l’adolescent. Le second est le Childhood Interpersonal Trauma Checklist et réalise un inventaires des traumatismes vécus au cours de l’enfance. Puis, un entretien semi-structuré, adapté pour les adolescents, a été mené auprès de chacun à l’aide du Trauma Meaning and Making Interview, outil évaluant la mentalisation en revenant sur les évènements infantiles difficiles. Enfin, une analyse thématique de contenu a été réalisée pour comprendre et décrire les thèmes globaux issus des entretiens.

Résultats : La maltraitance infantile influence les capacités de mentalisation des adolescents judiciarisés de deux principales manières, via des échecs de mentalisation et via des capacités réflexives préservées. En ce qui concerne les comportements délinquants et/violents, il semblerait que des déficits de mentalisation peuvent être à leur source. Néanmoins, l’émergence d’une mentalisation efficiente pourrait agir comme un facteur de protection aux troubles de comportements externalisés et ainsi, initier la résilience de l’individu.

Conclusion : Les résultats obtenus sont prometteurs pour les pratiques cliniques axées sur la mentalisation de l’individu. Travailler sur les fonctions réflexives d’adolescents ayant vécu de la maltraitance infantile pourrait constituer un levier thérapeutique bénéfique. Ce mémoire motive donc l’initiation de recherches futures sur le sujet, notamment, sur celles portant sur l’évaluation de l’efficacité des psychothérapies basées sur la mentalisation chez les adolescents ayant vécu de la maltraitance infantile.