Flashback ! Récupération de souvenirs épisodiques spontanés chez l'enfant

Abstract

Les souvenirs de type « flashback » sont des souvenirs récupérés « d’un coup », de manière spontanée, grâce à une multitude d’indices environnementaux et contextuels propres au souvenir (Berntsen, 2010). Les résultats antérieurs (p. ex. Krojgaard et al., 2014 ; Sonne et al., 2017) ont montré la présence d'une récupération spontanée chez les enfants dès l’âge de trois ans et demi, mais pas chez des enfants plus jeunes. Également, jusqu’à la présente étude, le développement de ce mode de récupération avant l'âge de quatre ans restait méconnu. De plus, il semblerait exister dans la littérature plusieurs hypothèses explicatives de l’effet de la réminiscence (discussions parent-enfant) sur les performances mnésiques des enfants et l’une de ces hypothèses, correspondant à l’hypothèse de consolidation, a été testée dans cette étude. Dans le but d’enrichir le corpus littéraire, une cohorte d’enfants âgés de deux ans à trois ans, onze mois et 31 jours, accompagnés de leurs parents, a été recrutée afin de participer à deux séances espacées d'une semaine. Lors de la première séance d'encodage, les enfants observaient un événement se déroulant dans la pièce voisine (un complice cachait un cadeau dans une boite et cette boite, sous une table). La deuxième session comprenait la phase de récupération de l'évènement, celle-ci pouvant avoir lieu selon deux modalités. La moitié des enfants effectuait le rappel en condition spontanée : les enfants étaient introduits dans la pièce dans laquelle avait eu lieu l'évènement et tout signe spontané de rappel était enregistré et noté. Alors que l’autre moitié effectuait le rappel en condition volontaire : dans une pièce neutre, il était explicitement demandé aux enfants de se souvenir de l'évènement observé une semaine plus tôt. Afin d'estimer l'impact de la réminiscence parentale sur la récupération du souvenir, les participants avaient également été répartis aléatoirement dans deux groupes de réminiscences : les parents du premier groupe recevaient pour instruction de discuter de l'événement avec leur enfant entre les deux sessions, les parents du second groupe recevaient pour instruction de discuter d'un autre évènement. Les résultats ont mis en évidence la présence d’une récupération mnésique de type spontanée chez les enfants âgés de deux ans à trois ans, onze mois et 31 jours. Ils ont également permis de déterminer que les performances mnésiques des enfants en mémoire spontanée se développent au fur et à mesure de l’âge et que ce développement semble plus important que celui ayant lieu en mémoire volontaire. En revanche, les analyses effectuées sur les réminiscences parentales ne semblent pas avoir permis de démontrer qu’elles agissent au moyen d’une consolidation des souvenirs dans le cadre de cette étude.