Maltraitances sexuelles infantiles : L'impact sur le sentiment de compétence parentale des parents et les comportements de leurs enfants

Abstract

Résumé Objectif : L’objectif de ce mémoire est d’étudier l’impact d’un vécu de violences sexuelles du parent sur son enfant. Notre recherche étudie l’existence d’un lien entre le vécu d’abus sexuel infantile d’un parent, son sentiment de compétence parentale et les comportements de l’enfant. Méthode : Nous avons administré des questionnaires en lien avec le statut socio- démographique du parent, son vécu infantile (CTQ-SF ; Bernstein et al., 2003) et son sentiment de compétence parentale (QAECEP ; Terrisse & Trudelle, 1988) à 2041 parents d’un enfant âgé de 3 à 8 ans, et 136 d’entre eux ont également répondu à des questionnaires sur le comportement de leur enfant (CBCL ; Achenbach & Rescorla, 2000, 2001) et accepté que ceux-ci fassent l’objet d’un test évaluant son modèle d’attachement (ASCT ; Bretherton et al., 1990). Résultats : nos résultats montrent que c’est plutôt la combinaison de multiples abus vécus durant l’enfance plutôt que le vécu d’abus sexuel isolé qui semble avoir un impact sur le SCP des parents et les comportements et types d’attachement des enfants. En effet, nos analyses montrent qu’un vécu d’abus multiples réduit le sentiment de compétence parentale général ainsi que ses composantes d’efficacité et de satisfaction. Au niveau de l’enfant, notre recherche tend à démontrer un effet de la maltraitance multiple de son parent sur son type d’attachement, mais aussi sur la présence de certains troubles du comportement. Aussi, un lien entre le SCP diminué du parent et l’identification de davantage de comportements problématiques chez son enfant a été démontré. Conclusion : Notre étude contribue donc à comprendre les conséquences des abus sexuels et de la maltraitance multiple sur la parentalité de leurs victimes et sur les comportements de leurs enfants. Son design de recherche est innovant grâce à son questionnement du vécu d’abus sexuels combiné à d’autres maltraitances, mais aussi suite à son choix d’évaluer le vécu de maltraitance comme une variable continue. Des limites sont à prendre en compte, tel que la composition de notre échantillon, majoritairement composé de femmes et la puissance plus faible de certains tests non-paramétriques utilisés. Enfin, ce mémoire permet d’apporter des pistes cliniques pour la prise en charge des parents ayant un vécu de maltraitances infantiles qui permettrait de réduire les conséquences des traumatismes sur le long terme. L’utilité d’une identification rapide de ces maltraitances, mais aussi d’outils cliniques permettant d’augmenter le sentiment de compétence parentale et à long terme, la compétence parentale réelle et la diminution de l’identification de troubles du comportement chez l’enfant a été démontrée.