Les liens entre la conscience émotionnelle et le trouble dépressif : une scoping review

Abstract

La dépression est l’un des troubles psychologiques les plus répandus de par le monde. Nombreux sont les chercheurs et cliniciens ayant examiné l’efficacité d’un traitement psychothérapeutique susceptible de diminuer la sévérité des symptômes dépressifs. C’est dans ce but que plusieurs auteurs ont étudié l’influence des difficultés de conscience émotionnelle (i.e., la capacité à identifier et décrire les émotions) dans le développement et le maintien d’un trouble dépressif. Parmi ces auteurs, certains ont examiné les facettes de la conscience émotionnelle, notamment la clarté émotionnelle (i.e., la compréhension du type et de l’origine de l’émotion) et l’attention aux émotions (i.e., la considération volontaire ou involontaire de l’état émotionnel). D’autres auteurs ont investigué la relation entre la dépression et l’alexithymie (i.e., un déficit de conscience émotionnelle). Dans le but d’évaluer les liens entre la conscience émotionnelle (ou l’un des concepts cités précédemment) et la dépression, les auteurs ont employé des méthodologies variées, les amenant à des résultats pouvant être parfois contradictoires. C’est pourquoi, nous avons pris la décision de réaliser une scoping review (i.e., revue de la littérature) visant à décrire les articles scientifiques ayant étudié les liens entre la conscience émotionnelle et la dépression chez les adultes de 18 à 65 ans. Pour ce faire, nous avons réalisé une recherche exhaustive dans deux bases de données bibliographiques, Medline et PsycInfo. A partir de critères d’éligibilité préalablement établis, nous avons sélectionné 43 articles scientifiques. Les résultats de ces études suggèrent des liens majoritairement significatifs entre les concepts associés à la conscience émotionnelle (i.e. l’alexithymie, la clarté émotionnelle et l’attention aux émotions) et la dépression. Plus précisément, les individus ayant un trouble dépressif tendent à rapporter une plus faible clarté des émotions, un niveau d’alexithymie plus élevé, ainsi qu’une plus grande attention involontaire aux émotions. En ce qui concerne la conscience émotionnelle, les résultats semblent plus mitigés. En outre, le design de ces études est principalement transversal, ce qui ne nous permet pas d’induire une relation de cause à effet entre ces variables. Des recherches longitudinales permettraient d’en apprendre davantage sur la direction de ce lien. D’autres recherches sont également nécessaires dans le but d’explorer l’impact des facteurs contextuels tels que l’âge et le genre dans la relation entre la conscience émotionnelle et la dépression.