Quelles sont les dynamiques dans le processus de désistance des jeunes femmes en transition à l'âge adulte, âgées de 18 à 25 ans, ancrées dans la délinquance depuis au minimum un an et ayant fait l'objet d'un mandat de placement à l'I.P.P.J. de Saint-Servais par le juge du tribunal de la jeunesse ?

Abstract

Le processus de désistance chez les femmes étant un sujet d’étude récent, et cela l’est davantage chez les jeunes femmes en transition à l’âge adulte ayant été mineures institutionnalisées, en dépit de leur expériences de vie et de placement, et des enjeux spécifiques qui en résultent. Cette étude a ainsi pour objectif une compréhension approfondie du processus de désistance chez les jeunes femmes en transition adulte ayant été placées, dans leur minorité, au sein de l’institution publique de protection de la jeunesse (I.P.P.J.) de Saint-Servais. Une méthodologie qualitative a été utilisée pour appréhender le phénomène social dans sa complexité. Six participantes, âgées de 18 à 25 ans, ayant été placées dans leur minorité à l’I.P.P.J. de Saint-Servais, ont été rencontrées dans le cadre d’entretiens semi-structurés afin d’explorer leurs expériences de vie et de placement, les dynamiques mises en jeu, leurs impacts, ainsi que les processus de prise de conscience et de remise en question de leur trajectoire délinquante. Les analyses de récits ont montré que ces femmes se sont toutes engagées dans un processus de désistance et de remise en question de leur délinquance. Leur changement de trajectoire vers une vie plus conventionnelle a été possible grâce à un changement identitaire surtout soutenu par des changements de vie et une réorganisation des relations aux pairs. Il est également ressorti que les intervenants de l’institution peuvent agir tels des agents de désistance en valorisant les progrès et les ressources des adolescentes, et en les soutenant dans leur transition vers une identité non déviante. Ainsi, les interventions du désistement assisté ont facilité la prise de conscience des adolescentes de leur délinquance, la réorganisation de leurs fréquentations, ainsi leur engagement dans la désistance. Enfin, les implications des résultats sont discutées et des pistes pour de futures études sont proposées. Les recherches devraient répliquer ces résultats auprès d'un échantillon plus représentatif et mener des entretiens avec une même population cible pour qui le suivi aurait été au-delà du début de l’âge adulte, en vue d’une analyse approfondie des processus de désistance et de réintégration sociale des jeunes.