Evaluation de la mémoire épisodique à l'aide d'événements standardisés

Abstract

La mémoire épisodique est impliquée dans une grande partie des activités de la vie quotidienne et garantit l’autonomie d’un individu (Becquet et al., 2017). Elle participe également à la construction de son identité (Conway & Pleydell-Pearce, 2000). Au vu du vaste réseau cérébral sous-tendant les nombreux processus dont le fonctionnement de la mémoire épisodique dépend, les atteintes et les plaintes de la mémoire des événements personnellement vécus font partie des plus fréquentes (Van der Linden, 2000). Ainsi, l’évaluation des troubles de la mémoire est une tâche très courante dans la pratique clinique. Cependant, un nombre grandissant d’auteurs mettent en évidence les limites des méthodes classiques dont les neuropsychologues disposent (Spooner & Pachana, 2006 ; Chaytor & Schmitter Edgecombe, 2003). Les critiques adressées aux épreuves classiques concernent, d’une part, le fait qu’elles ne prennent pas en considération la complexité de ce système de mémoire telle que décrite par Conway et, d’autre part, qu’elle ne rendent pas compte du fonctionnement réel du sujet dans sa vie quotidienne. Ainsi, l’intérêt principal de ce travail était l’élaboration d’une épreuve d’évaluation de la mémoire épisodique, la tâche de mémoire de séance, qui répondait à certaines limites adressées aux tâches classiques. La spécificité de cette épreuve réside dans la nature du matériel à mémoriser : l’entretien neuropsychologique lui-même. En effet, celui-ci est réellement vécu par le sujet et de cette manière fait partie de son histoire personnelle. Dans ce travail, nous avons recruté neuf patients et dix-huit sujets contrôles. L’ensemble des participants étaient rencontrés à deux reprises. La première rencontre s’apparentait à un bilan neuropsychologique de base dans lequel des événements standardisés étaient disséminés. Lors du second entretien, il était demandé aux sujets de réaliser un rappel de la première séance. Cette étude nous a permis d’exposer les points d’intérêt du nouvel outil. D’une part, les analyses statistiques mettent en évidence un effet de groupe et des associations intéressantes avec d’autres outils. D’autre part, nous avons confirmé la faisabilité de la tâche de mémoire de séance en clinique. Désormais, des études futures devraient réaliser une expérience similaire avec un nombre plus important de sujets et avec une population plus homogène. Ensuite, si les mêmes effets sont observés, il conviendra de s’intéresser à la question de la standardisation afin que l’épreuve puisse être intégrée à la pratique quotidienne des neuropsychologues cliniciens au côté des évaluations classiques.